Interview : Journaliste gastronomique
08 novembre 2013
Caroline Mignot est journaliste gastronomique. Elle tient notamment le blog Table à découvert qui recense les meilleures tables du pays.
Comment êtes-vous devenue journaliste gastronomique ?
Après des études d'histoire de l'art, je me suis tournée vers la gastronomie en démarchant les guides de restaurants. J'ai commencé donc à travailler pour un guide, ce qui m'a permis, pendant plusieurs années, de réaliser des enquêtes de restaurants. En parallèle, j'étoffais mon réseau de contacts, notamment dans la presse et je cherchais de nouvelles collaborations.
Pourquoi avoir choisi ce métier ?
Par passion pour les restaurants et la gastronomie ! Au fil des années, mes collaborations se sont diversifiées. Il ne s'agit plus seulement d'enquêtes de restaurants : je rencontre des chefs, je fais des reportages auprès de producteurs (maraîchers, éleveurs, pêcheurs ou encore pâtissiers) et c'est ce qui m'intéresse dans ce métier.
En quoi consiste votre travail ?
Je vais au restaurant, j'essaye de repérer les nouveautés et les tendances dans la restauration, je fais des reportages partout en France et bien sûr j'écris beaucoup !
Pouvez-vous nous décrire une journée type ?
Le matin, j'écris sur un sujet en cours, les tendances de la pâtisserie par exemple. J'en profite également pour interviewer une ou plusieurs personnes par téléphone. Le midi, je vais tester un restaurant, incognito ou en visite annoncée si je souhaite rencontrer et interviewer le chef après avoir déjeuné sur place. L'après-midi, soit je me remets à écrire soit je pars en reportage, pour découvrir les dernières nouveautés. Mais il m'arrive aussi de passer des journées entières au bureau à écrire et en mangeant seulement un sandwich les yeux rivés sur l'écran.
Quels sont les avantages et les inconvénients de votre profession ?
Comme je ne suis pas intégrée dans une rédaction, je travaille à mon compte en tant que journaliste pigiste. J'organise donc mon travail et mes journées comme j'en ai envie. En contrepartie, si je suis malade ou que je travaille moins pour des raisons personnelles, cela se ressent tout de suite sur mon salaire. L'emploi est assez précaire car les journaux peuvent préférer du jour au lendemain tel ou tel autre pigiste qui a fait une proposition intéressante. Il faut donc sans cesse se remettre en question et être à l'affût des nouveautés. De la même manière, j'essaye toujours de proposer de nombreux sujets et de me rendre aussi disponible que possible.
Selon vous, quelles sont les qualités requises pour exercer ce métier ?
Un style d'écriture confirmé et un bon palais pour commencer mais aussi beaucoup de curiosité et de culture gastronomique. Il faut également faire preuve de savoir-vivre (politesse, confiance, fiabilité et intégrité) pour mettre à l'aise n'importe quel interlocuteur, du paysan breton au chef 3 étoiles.
Quelles sont vos perspectives d'avenir ?
Même si la cuisine n'a jamais été aussi visible dans les médias, la presse est grandement touchée par le contexte économique et l'évolution des modes de communication. Les conditions de travail changent, notre temps et nos moyens sont différents. Je pense donc qu'il faut être prêt à évoluer et à se diversifier. Je ne sais pas encore comment, mais j'y réfléchis !
Quelques conseils pour quelqu'un qui aimerait se lancer ?
Il faut beaucoup de patience : ce n'est pas un métier que l'on démarre en répondant simplement à une annonce. Se construire un réseau prend des années et demande beaucoup de persévérance. Il faut se faire connaître par les professionnels et saisir les opportunités. Mais attention, les places sont chères !
PR08/11/2013