Interview : Barman / gérant
03 décembre 2018
Derrière son comptoir, Jonathan Maufroy nous aide à comprendre ce que c'est que de travailler dans un bar, tant dans la gestion que dans la préparation des boissons.
Barman et gérant (depuis 2009)
Société: la « Monkey Factory »
Nous retrouvons Jonathan Maufroy derrière son comptoir au sein de son bar, la Monkey Factory, lieu de divertissement populaire de la ville de Maubeuge. Entre concerts, soirées à thèmes et démonstrations artistiques, il nous aide à comprendre ce que c'est que de tenir un bar, tant dans la gestion que dans la préparation des boissons.
Quel est ton parcours scolaire ou les formations que tu as suivies ? Est-ce que cela t'a été utile pour en arriver à ta situation actuelle ?
J'ai commencé avec un BAC S spécialité Mathématiques. Ensuite, j'ai fait une année de mathématiques supérieures (Maths Physique et Sciences Industrielles) et deux ans de DUT Informatique Génie Logiciel. J'ai eu quelques expériences professionnelles comme un stage chez Myriad à Louvroil en Atelier de Génie Logiciel tout en effectuant quelques boulots à droite et à gauche. Je suis ensuite passé agent de maîtrise/analyste et développeur chez Demlog à Quièvrechain en CDI. Enfin, j'ai mis de l'argent de côté pendant un certain temps et quand l'opportunité d'ouvrir mon bar s'est présentée, j'ai foncé.
Quand et comment as-tu ouvert ton bar ?
L'histoire de la Monkey Factory remonte à novembre 2009. Le café L'Atlantique à Maubeuge était en vente. J'ai appelé, visité, j'ai commencé mon étude de marché et j'ai créé un groupe sur Facebook dont je me sers pour écouter les attentes des gens. J'ai pris ensuite contact avec la CCI de Feignies. J'ai monté un dossier pour les banques, j'en ai démarché une dizaine et j'ai finalement obtenu un crédit pour racheter le fond de commerce. L'ouverture a eu lieu le 7 septembre 2010 après quelques travaux.
En quoi consiste le travail d'un barman et celui d'un gérant ?
Barman... je pense que ce métier dépend énormément du contexte. Barman en restaurant par exemple, c'est très différent. Ici, je suis seul pour tout « concevoir », de A à Z : la carte, les cocktails, le choix de boissons, des bières... mais aussi comme c'est un bar à vocation artistique et, qui plus est, qui héberge des concerts, ça veut dire beaucoup de relationnel. Barman à Maubeuge, ça veut aussi dire être patient, garder son sang-froid, sinon tu finis par vite t'emporter.Le travail de gérant consiste surtout à bien gérer sa trésorerie, essayer de proposer les produits qui plairont mais en faisant attention aux coûts. Le but étant de les réduire au mieux parce que les charges sont très lourdes. Ça veut aussi dire ne pas compter ses heures.
Pourquoi avoir choisi ce métier ?
Le bar est un endroit populaire. C'est un bon support pour mon projet artistique. Les personnes qui viennent n'ont pas un couteau sous la gorge pour consommer et je voulais apporter de l'animation et de la culture à Maubeuge.
Quelles sont les qualités nécessaires à l'exercice de ta profession ?
Il faut de la lucidité, de l'humour, du courage, de la volonté, du self-control, du dynamisme et une bonne santé parce que c'est fatigant. Il ne faut pas croire que l'on s'amuse.
Quels sont tes conseils pour quelqu'un qui souhaiterait devenir barman ou ouvrir son bar ?
Faites-le tant que vous n'avez pas de femmes et d'enfants parce que ça prend beaucoup sur la vie, et malheureusement, sur la vie privée.
Est-ce que les soirées à thème sur l'amour (speed-dating, Saint-Valentin, etc) fonctionnent mieux que d'autres ? Comment s'est passé votre soirée spéciale Saint-Valentin ?
La soirée Saint-Valentin, ce n'est pas top ! On a toujours du mal à décomplexer les gens, à les faire oser. Paradoxalement, le bar est un endroit de rencontres mais ça ne suffit pas, il faut un tempérament d'ouverture pour rencontrer des gens. Les soirées « festives » fonctionnent mieux.
Quels sont tes perspectives d'avenir ?
Je souhaite entretenir l'originalité de mon bar qui, au-delà de ses trente bières différentes et plein d'autres boissons, est un lieu d'expression chargé d'une âme artistique forte et qui donne la possibilité à tous de s'exprimer. J'ai aussi tenu à le vêtir d'une décoration originale et je souhaite développer son côté snack : on peut maintenant y manger des produits, certes pas très diététiques mais terriblement bons (Pains Steak, Hot-dogs, Hamburger, Pain Pitta). On est sans cesse en train d'inventer, d'innover, de renouveler. On ne s'endort jamais sur nos lauriers lorsqu'on est responsable d'un bar !
BR17/02/2014