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Interview : Managing Principal

25 septembre 2013

Christophe Chantepie est devenu Manager à l'international en gravissant les échelons dans son domaine de compétence premier : la téléphonie. Zoom sur son parcours.

Managing Principal

En quoi consiste votre profession ?

Il s'agit de donner des conseils aux opérateurs télécom en ce qui concerne la transformation de leurs réseaux. Il faut réfléchir aux solutions à apporter en termes de coût et aussi expliquer techniquement comment cela va se passer. On est tenu à des forfaits, qui sont des objectifs de résultat, on a en général 3 mois pour élaborer un produit avec le client et on doit ensuite obtenir sa satisfaction.

Comment avez-vous obtenu votre premier job ?

Je suis diplômé de l'ENST - École Nationale Supérieure des Télécommunications (renommée aujourd'hui Telecom PARISTECH). J'ai obtenu mon premier job chez SFR où j'effectuais mon stage de fin d'études (6 mois). Stage (stage théorique : programmation, simulations...) réussi qui m'a permis d'identifier une opportunité d'embauche. Bonne école (catégorie A) et l'essor du GSM (norme européenne de téléphonie mobile) ont été pour moi les éléments favorables pour obtenir rapidement cette embauche. Deux ans auparavant, en 1993, ça avait été plus difficile pour les nouveaux diplômés, avec une crise violente.

Quel a été votre parcours pour parvenir à cette profession ?

J'ai intégré l'école d'ingénieur Telecom Paris Tech puis j'ai effectué mon stage de fin d'étude de 6 mois chez SFR où j'étais ingénieur radio. Puis je suis passé à un poste plus opérationnel pendant 18 mois à Strasbourg, grâce à quelqu'un au sein de SFR qui lançait un projet. Je me suis ensuite occupé de la conception et du déploiement de réseaux radio.

A cette issue je suis passé chef à Paris à la Défense, toujours chez SFR. J'établissais toutes les règles d'ingénieries à appliquer sur le territoire, je portais « la bonne parole » aux équipes opérationnelles, et j'étais en charge de projets d'augmentation de la capacité des réseaux.

L'international m'attirait, j'ai donc saisi une opportunité chez Alcatel, poste que j'ai obtenu grâce à ma première expérience et par mon réseau. J'ai rejoint un département avant-vente, mes activités étaient le contact client, la réponse aux appels d'offres, le workshop client, tout en apportant une expertise technique.

J'ai évolué ensuite vers le Management (à 31 ans) au sein du même département, d'abord en charge d'une équipe basée en France puis du management d'équipes multi-sites (Le Caire, Timisoara, Sao Paulo, Stuttgart, Kuala Lumpur).

Du fait de ma volonté d'être plus orienté business et moins technique, je me suis tourné vers du Business-Development, avec l'objectif de positionner Alcatel dans les mouvements de type M & qA (Mergers and Acquisitions ou fusion-acquisition en français) ou d'accompagner les opérateurs Telecom dans leur croissance organique. J'ai donc choisi de quitter le Management à ce moment là.

J'ai eu accès à une formation avec ESSEC Management. Formation généraliste sur 7 ou 8 semaines (mini MBA sur des aspects stratégie, marketing, achats etc.).

À la suite de cela, je cherchais à évoluer vers du conseil. Il était un peu tard pour rejoindre un cabinet et j'ai eu vent d'une structure conseil qui se montait chez ALU (Alcatel étant devenu ALU depuis fin 2006, avec la fusion avec l'américain Lucent). On a donc monté cette structure à deux au départ en 2008 - mon chef et moi- pour aboutir à une équipe de Business Consulting de 80 consultants 3 ans après. C'est à cette période que je suis devenu ce qu'on appelle Principal puis Managing Principal - appelé aussi directeur dans certains cabinets - avec la responsabilité de cette structure conseil sur l'Europe de l'Ouest, l'Afrique et le Moyen-Orient.

Entre-temps, j'ai participé à un projet d´ entreprenariat accompagné d'une excellente formation à l'ESCP, en parallèle de l'activité de conseil (pendant 3 mois). Ce qui a changé mon état d'esprit et me conduit aujourd'hui à envisager l'entreprenariat.

Pourquoi avez-vous choisi de vous orienter dans cette voie ?

Cela s'est fait empiriquement je pense. J'avais d'abord un intérêt pour les sciences puisque j'ai choisi au départ une formation en mathématiques supérieures en classe préparatoire. A cette issue j'ai dû faire le choix d'une école et j'ai été plus attiré par les matières dispensées à l'ENST. Je ressentais l'envie d'allier les sciences, les technologies et le business. Ce qui me plaisait aussi, c'était de rencontrer des clients et de travailler à l'international. Je n'avais pas envie de faire de la recherche & développement.

Quels sont les avantages de la profession ?

Le fait de travailler à l'international, ce qui permet d'aller à la rencontre de cultures très diverses. On est proche des grandes innovations qui ont modelé ces 15-20 dernières années: explosion de la mobilité d'abord, du haut débit, des nouveaux usages...

Le contact avec clients, souvent techniques mais aussi marketing et financiers parfois, qui sont des clients eux aussi innovants la plupart du temps.

Puis l'environnement : nous sommes en relation avec des personnes souvent très expérimentées.

Quels sont les inconvénients de la profession ?

On est très concurrencé à l'international, c'est l'effet de la mondialisation.

On peut se demander pourquoi un tel job serait occupé par un Européen de l'ouest plutôt que par un européen de l'Est, un Indien, un Chinois ou un Egyptien qui sont encore largement moins chers et aussi bien qualifiés ?

Ceci est vrai pour la plupart des ingénieurs, qu'ils soient en R & D ou dans des fonctions de support commercial.

Parfois on entend dire: "l'ingénieur est l'ouvrier du 21ème siècle". Un peu provocateur bien sûr, le niveau de vie n'est pas comparable, mais il subit aujourd'hui ce que les ouvriers subissaient il y a quelques décennies à propos des délocalisations.

Quelles sont les qualités requises ?

L'adaptabilité. Les Télécoms ainsi que l'informatique sont des domaines qui évoluent extrêmement vite. Ce qu'on apprend à l'école est très vite dépassé, en quelques années. Bien sûr il reste les bases acquises, mais c'est difficile de conserver une forte technicité très longtemps.

La maîtrise de l'anglais évidemment et beaucoup d'énergie.

Des conseils pour des personnes souhaitant s'orienter dans cette voie ?

Pour une carrière dans le conseil, je recommanderais de démarrer dans cette profession. Il est très difficile d'y rentrer plus tard, étant donne les structures pyramidales des cabinets.

Commencer jeune permet aussi de mieux structurer sa démarche. Il est bien d'avoir de l'expérience à l'étranger pour maîtriser l'anglais.

En revanche, le conseil ne permet pas d'acquérir une expertise forte au même titre que d'autres métiers, mais donne une capacité de travail importante.
CS16/09/2013
Managing Principal