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Interview : Podo-orthésiste, un métier rare. Interview de Christian Rapior

06 janvier 2020

"Ce qui me plaît, c’est allier la partie médicale et artisanale."

Podo-orthésiste, un métier rare. Interview de Christian Rapior

Christian Rapior est podo-orthésiste depuis 1992. Il nous présente un métier rare en France. En effet, ils ne sont que 160 à le pratiquer.

Pouvez-vous vous présenter ?

Christian Rapior, podo-orthésiste depuis 1992. Mon parcours a d’abord commencé par un BT (Brevet Technicien) en 3 ans puis j’ai fait un BTS de podo-orthésiste en 3 ans également.

Pourquoi avoir choisi ce métier ?

C’est un métier qui se transmet de père en fils dans ma famille. Il était donc normal pour moi de me diriger vers cette voie. D’ailleurs en septembre mon fils commencera à travailler avec moi.

Votre métier est peu connu, pouvez-vous nous expliquer en quoi il consiste exactement ?

Une profession au service de l’appareillage. La réadaptation progressive et la réintégration de la personne handicapée du pied dans la vie active, tel est l’objectif de la podo-orthèse.

La profession, c’est chausser sur-mesure, selon une prescription médicale, les personnes avec un handicap au niveau de la marche et/ou du pied. Cela peut être fait sur un moulage du pied ou à l’aide d’un mètre ruban. Nous réalisons des chaussures pour des patients qui ont des maladies, comme les diabétiques, qui ont les pieds très sensibles aux frottements.

Il faut réaliser des chaussures de confort, qui ne blessent pas le pied. Il y a également des chaussures pour des grosses déformations, comme des personnes qui ont des polyarthrites rhumatoïdes. Les personnes qui ont des paralysies au niveau de la marche, des hémiplégies (paralysie d’un côté) qui n’arrivent plus à lever le pied. Il y a aussi toutes les maladies infantiles des déformations de pied, des pieds bots, même si cela devient rare à ce jour.

Qui sont vos patients ?

Nos patients sont en majorité des personnes âgées. Aussi des enfants, mais ce n’est pas la majorité.

Vous travaillez avec des hôpitaux et des médecins, comment cela se passe-t-il ?

Lorsque que l’on doit porter pour la première fois des chaussures orthopédiques, il faut que ce soit prescrit par un médecin spécialiste tel qu’un rhumatologue, un chirurgien, un neurologue, etc. Ensuite, lorsque les personnes effectuent des renouvellements de chaussures, le médecin traitant peut faire la prescription.

Il m’arrive de faire des déplacements en milieu hospitalier à la demande des médecins qui souhaitent que l’on étudie ensemble le moyen d’appareiller un patient.

Quelles sont les difficultés du métier ?

La difficulté première est la réalisation sur mesure des chaussures pour des patients dont les pieds sont très déformés. La priorité c’est de faire marcher le patient et qu’il soit bien dans ses chaussures. Tous les modèles ne sont pas adaptés à toutes les pathologies. Le plus difficile est d’allier le confort et l’esthétique.

Qu’est-ce-que vous préférez le plus dans votre métier ?

La satisfaction de mon patient, de savoir qu’il est bien dans ses chaussures, qu’il arrive à marcher. Ce qui me plaît, c’est allier la partie médicale et artisanale. Mon rôle en tant que podo-orthésiste consiste à aider et soulager les patients en leur confectionnant des chaussures adaptées. J’aime le travail manuel.

Combien de temps faut-il pour faire une paire de chaussures ?

Une paire simple, il faut compter environ 15 heures de travail. Une paire complexe à peu près 30 heures.

Quelles sont les qualités indispensables pour faire ce métier ?

Il faut être assez adroit de ses mains. Tout le monde ne peut pas faire ce métier qui est difficile et très compliqué. Il faut connaître les termes médicaux. Mes collaborateurs doivent comprendre le cas à appareiller sans l’avoir vu. Ils savent qu’ils doivent faire attention dans la fabrication. Pour faire ce métier, il faut l’aimer.

Des conseils pour qui souhaiterait se lancer dans la profession ?

Deux écoles en France sont possibles, à Paris ou Valence. Être titulaire d’un Bac S ou ST2S. Recommandation pour cette profession : il faut aimer le contact avec les patients et les médecins, être habile de ses mains, ne pas avoir peur de faire beaucoup d’heures si l’on est chef d’entreprise.

Podo-orthésiste, un métier rare. Interview de Christian Rapior