Interview : Manipulatrice en Electroradiologie
01 février 2005
48 ans Manipulatrice en Electroradiologie « Tout est désormais informatisé ». Après 9 ans d'arrêt de travail, Dominique Mannekens, manipulatrice radio à l'hôpital de Dunkerque, retrouve son métier....
(48 ans)
« Tout est désormais informatisé ».
Après 9 ans d'arrêt de travail, Dominique Mannekens, manipulatrice radio à l'hôpital de Dunkerque, retrouve son métier. Une profession alliant technique et contact humain.
Pouvez-vous expliquervotre métier en quelques mots ?
Je réalise des clichés radiographiques dans un service de radiologie conventionnelle au centre hospitalier de Dunkerque. L'équipe travaille au service des Urgences, effectue des contrôles de traumatologie, ainsi que des investigations viscérales et urinaires chez l'adulte et l'enfant.
Quel a été votre cursus scolaire ?
En 1975, j'ai obtenu un baccalauréat D, équivalent du baccalauréat S, option SVT. Mes cours se sont déroulés pendant la première promotion du BTS Eléctroradiologie médicale au lycée Valentine-Labbé. Il remplace le DE (diplôme d'état) du centre hospitalier de Lille.
Comment se passaient vos cours ?
Nous n'étions que 9 élèves. Les études se déroulaient à l'époque en 2 ans, maintenant, elles sont prolongées à 3, conséquence de nouvelles technologies à étudier (scanner et IRM, résonance magnétique). Nous avions des études théoriques le matin et pratiques l'après-midi.
Avez-vous effectué des stages ?
La première année, j'ai effectué un stage à l'hôpital militaire. En seconde année, un stage à l'hôpital de Roubaix. Après, j'ai multiplié les stages dans les établissements hospitaliers de la région lilloise et sa périphérie.
Pourquoi avoir choisi cette profession ?
Par hasard. L'année de terminale, je me suis fait une entorse de la cheville, j'ai passé une radiographie et sympathisé avec l'aide manipulateur. Je me suis dit, pourquoi pas ? Le statut d'aide manipulateur n'existe plus, tous les manipulateurs doivent passer un diplôme pour avoir le droit de pratiquer. L'entrée de l'école se faisait alors sur dossier, depuis, un concours et un entretien sont obligatoires.
Qu'est-ce qui vous plait dans cette profession ?
J'aime mon métier .Etre technicienne avec le sens du relationnel .Il faut savoir soulager, car il existe une peur de l'examen, une peur du résultat chez les malades. L'écoute et le sourire sont indispensables car toute maladie a une histoire. J'apprécie le travail d'équipe, avec le radiologue, les infirmières, les brancardiers
chacun a son rôle à jouer pour le bon déroulement de l'examen. Enfin, la radiologie n'est qu'une étape dans la vie du patient, en tant que manipulatrice radio, il a assez de recul pour ne pas prendre en charge toutes les émotions, la douleur et l'attente du malade.
Quels sont vos horaires de travail ?
Les horaires sont assez contraignants, 6h30-14h30, 13h15-21h et le week-end pour assurer les urgences, 8h-16h, 9h-17h. Deux personnes tournent pour le service de nuit 21h-6h30. La nuit, l'accueil est différent. Les gens sont plus agressifs et souvent saouls .Il y a aussi les tentatives de suicides qui sont assez fréquentes. Les cliniques transfèrent également aux urgences les cas compliqués.
Vous avez arrêté, puis repris votre métier. Y a t-il des différences dans l'organisation du service et dans votre façon d'exercer la profession ?
Après 9 ans de disponibilité, j'ai réintégré le service et remarqué quelques changements .Il y a beaucoup plus de radiographies d'estomac, de vésicule, de bronchogaphies. La fibroscopie, l'endoscopie et le scanner ont remplacé les investigations classiques. Il n'existe plus de chambres noires, ni de développements en plein jour. Tout est informatisé. Les cassettes sont numérisées et les clichés peuvent être retravaillés sur l'écran. Le manipulateur doit savoir maintenant se servir d'un ordinateur.
Le métier se spécialise. Un manipulateur radio est désormais soit, formé(e) au scanner, à l'IRM ou en vasculaire. Je préfère rester en radiologie conventionnelle, je ne veux pas me transformer en super technicienne. Les jeunes sont déjà formés dans leur stage et j'apprécie davantage le côté relationnel du métier. Je pense que l'on ne peut pas tout savoir faire correctement. Je ne suis peut-être plus très ambitieuse, mais j'ai d'autres priorités et lorsqu'on me dit que je suis gentille ou un ange, je suis heureuse. Enfin, travaillant de nouveau, j'aime voir (revoir) mes collègues et parler de leurs projets et de leurs difficultés.
Le métier se spécialise. Un manipulateur radio est désormais soit, formé(e) au scanner, à l'IRM ou en vasculaire. Je préfère rester en radiologie conventionnelle, je ne veux pas me transformer en super technicienne. Les jeunes sont déjà formés dans leur stage et j'apprécie davantage le côté relationnel du métier. Je pense que l'on ne peut pas tout savoir faire correctement. Je ne suis peut-être plus très ambitieuse, mais j'ai d'autres priorités et lorsqu'on me dit que je suis gentille ou un ange, je suis heureuse. Enfin, travaillant de nouveau, j'aime voir (revoir) mes collègues et parler de leurs projets et de leurs difficultés.
Combien gagne une manipulatrice radio ?
Contractuelle pendant un an, stagiaire pendant une autre année et enfin titulaire, échelon 6, (les échelons sont gravis en fonction de l'ancienneté et des notes données par le surveillant et le chef de service), je gagne environ, à 80% ,1 700 euros, net fiscal, week-end compris, (environ un week-end par mois). Mais j'ai longtemps été à 50 % et à 80%. Je me suis arrêtée pendant 9 ans, j'ai donc grimpé lentement les échelons. Il est possible de faire des astreintes de scanner, il faut alors être disponible pour les examens en urgence. Il existe un forfait ainsi qu'une certaine somme pour les déplacements.
Y a-t-il des débouchés ?
Beaucoup de postes sont à pourvoir et il y a beaucoup de débouchés. Avec seulement cinquante élèves par promotion, ils sont souvent embauchés dans la région lilloise. Les hôpitaux périphériques sont en crise. Les cabinets privés proposent aux élèves une bourse et le règlement des frais scolaires s'ils s'engagent à venir travailler chez eux.
E.K.