Interview : Docteur en psychologie
25 novembre 2011
Clovis est Docteur en psychologie. Il nous raconte son parcours atypique et ses projets d'avenir.
Clovis Levrez (27 ans)
Quel parcours avez-vous suivi ?
Mon parcours depuis l'obtention du bac est quelque peu atypique.
J'ai en effet commencé par deux années de prépa Vétérinaire (lycée Faidherbe de Lille), que j'ai un peu laissé tombée vers la fin, me rendant compte que ce ne serait pas directement le tremplin vers le métier que je voulais faire : travailler dans les grands parcs naturels ! (Si j'avais été plus "au courant", à l'époque, du mode de fonctionnement universitaire et de tous les ponts que j'allais découvrir par la suite entre les filières, sans doute me serais-je davantage concentré à cette période...).
Bref, toujours est-il que mes résultats m'ont permis d'obtenir exceptionnellement une validation d'acquis pour les deux années de deug de biologie (licence 1 et 2 actuellement), me voyant ainsi entrer directement en Licence de Biologie des Organismes, à Lille 1. Ma licence en poche, je me suis expatrié à Paris (université Paris XIII), pour y suivre un Master I d'éthologie.
C'est à la fin de l'année que je me suis décidé à faire un Master II Recherche dans le domaine, choisissant en fonction de mes affinités, des programmes proposés
Après mon Master, je me suis posé quelque temps pour réfléchir à mon avenir, chercher une thèse qui soit intéressante et, peut-être, un peu plus ancrée dans le monde social, concret, auquel nous sommes confrontés chaque jour.
C'est pourquoi j'ai postulé, au culot, à une proposition de thèse en psychologie du développement, à Amiens.
J'ai en effet commencé par deux années de prépa Vétérinaire (lycée Faidherbe de Lille), que j'ai un peu laissé tombée vers la fin, me rendant compte que ce ne serait pas directement le tremplin vers le métier que je voulais faire : travailler dans les grands parcs naturels ! (Si j'avais été plus "au courant", à l'époque, du mode de fonctionnement universitaire et de tous les ponts que j'allais découvrir par la suite entre les filières, sans doute me serais-je davantage concentré à cette période...).
Bref, toujours est-il que mes résultats m'ont permis d'obtenir exceptionnellement une validation d'acquis pour les deux années de deug de biologie (licence 1 et 2 actuellement), me voyant ainsi entrer directement en Licence de Biologie des Organismes, à Lille 1. Ma licence en poche, je me suis expatrié à Paris (université Paris XIII), pour y suivre un Master I d'éthologie.
C'est à la fin de l'année que je me suis décidé à faire un Master II Recherche dans le domaine, choisissant en fonction de mes affinités, des programmes proposés
Après mon Master, je me suis posé quelque temps pour réfléchir à mon avenir, chercher une thèse qui soit intéressante et, peut-être, un peu plus ancrée dans le monde social, concret, auquel nous sommes confrontés chaque jour.
C'est pourquoi j'ai postulé, au culot, à une proposition de thèse en psychologie du développement, à Amiens.
Avez-vous effectué des stages ?
Au cours de ma scolarité, j'ai été bien entendu amené à faire des stages, même si je dois l'avouer, le système universitaire français me semble sur ce point, assez faiblement pourvu en pratique.
J'ai néanmoins réalisé un stage libre d'observation des Gibbons du zoo de Lille pendant 4 semaines, en Master 1, essayant de comprendre l'utilisation qu'ils avaient de l'espace qui leur était proposé, tâchant de trouver un moyen d'optimiser cette occupation.
En Master 2, je me suis concentré sur des souris sauvages de Hongrie, afin de comprendre, chez cette espèce où se forment des couples monogames, l'influence du marquage olfactif du mâle sur les comportements de la femelle, le choix du partenaire et la formation du couple.
J'ai néanmoins réalisé un stage libre d'observation des Gibbons du zoo de Lille pendant 4 semaines, en Master 1, essayant de comprendre l'utilisation qu'ils avaient de l'espace qui leur était proposé, tâchant de trouver un moyen d'optimiser cette occupation.
En Master 2, je me suis concentré sur des souris sauvages de Hongrie, afin de comprendre, chez cette espèce où se forment des couples monogames, l'influence du marquage olfactif du mâle sur les comportements de la femelle, le choix du partenaire et la formation du couple.
Quelle a été l'utilité de ces stages pour ce que vous faites aujourd'hui ?
Les stages ont eu une grande importance pour la réalisation de ma thèse.
En effet, ils m'ont appris à mettre en place un dispositif expérimental nécessaire au bon déroulement d'une étude scientifique, ils m'ont appris une rigueur et la nécessité de s'imposer un planning et un rythme de travail, à me confronter aux formalités administratives pour obtenir des autorisations, des rendez-vous...
Travailler en équipe s'apprend également au cours de ces stages.
En effet, ils m'ont appris à mettre en place un dispositif expérimental nécessaire au bon déroulement d'une étude scientifique, ils m'ont appris une rigueur et la nécessité de s'imposer un planning et un rythme de travail, à me confronter aux formalités administratives pour obtenir des autorisations, des rendez-vous...
Travailler en équipe s'apprend également au cours de ces stages.
En quoi consiste votre travail ?
Le travail de doctorant est essentiellement concentré sur la réalisation d'une recherche scientifique et la rédaction d'une thèse.
Pourtant j'ai également été amené à enseigner à l'université et à encadrer des étudiants de Master (1 et 2), pour les aider à s'orienter dans leur recherche de sujets d'étude, de stages, les aider dans la mise en place de leurs idées et la rédaction de leurs mémoires.
Le travail de recherche à proprement parler c'est beaucoup de lecture et de mises au point théoriques, la mise en place d'un protocole d'étude nouveau ou basé sur d'anciennes études. Le recrutement de la population et l'obtention d'autorisation pour travailler avec des humains. Ensuite une grande période de présence sur le terrain, en contact avec les sujets, (pour moi la meilleure partie de la thèse). Ensuite rédaction, statistiques, correction, relectures, conclusions...
Un autre intérêt d'être doctorant c'est la participation à des colloques, d'abord en temps que public, puis en tant qu'intervenant, sur des communications affichées sous formes de poster, puis des communications orales d'une trentaine de minutes. Il faut voir aussi que tout au long de ce cursus tu participes à la vie d'un laboratoire avec ses élections, ses réunions. J'ai organisé, par exemple, un colloque international, à la fac, directement en lien avec mon étude.
Pourtant j'ai également été amené à enseigner à l'université et à encadrer des étudiants de Master (1 et 2), pour les aider à s'orienter dans leur recherche de sujets d'étude, de stages, les aider dans la mise en place de leurs idées et la rédaction de leurs mémoires.
Le travail de recherche à proprement parler c'est beaucoup de lecture et de mises au point théoriques, la mise en place d'un protocole d'étude nouveau ou basé sur d'anciennes études. Le recrutement de la population et l'obtention d'autorisation pour travailler avec des humains. Ensuite une grande période de présence sur le terrain, en contact avec les sujets, (pour moi la meilleure partie de la thèse). Ensuite rédaction, statistiques, correction, relectures, conclusions...
Un autre intérêt d'être doctorant c'est la participation à des colloques, d'abord en temps que public, puis en tant qu'intervenant, sur des communications affichées sous formes de poster, puis des communications orales d'une trentaine de minutes. Il faut voir aussi que tout au long de ce cursus tu participes à la vie d'un laboratoire avec ses élections, ses réunions. J'ai organisé, par exemple, un colloque international, à la fac, directement en lien avec mon étude.
Pourquoi avoir choisi cette voie ?
J'ai choisi la psycho du développement parce qu'elle est une "nouvelle corde à mon arc", située entre l'éthologie et la société. Qu'elle rend pratique l'observation comportementale dans un but de comprendre et d'aider les gens, grâce à une approche qui, pour moi, doit s'appuyer sur la continuité entre l'Homme et l'animal.
J'ai choisi la recherche parce que j'ai toujours été curieux et eu du mal à croire ce qu'on me dit si je n'en faisais pas moi même l'expérience.
J'ai choisi la recherche parce que j'ai toujours été curieux et eu du mal à croire ce qu'on me dit si je n'en faisais pas moi même l'expérience.
Les qualités nécessaires à cette discipline ?
Je pense que pour faire des études longues à l'université, il faut de toute manière continuer à être curieux au fur et à mesure des années, garder à l'esprit que les portes sont toujours ouvertes entre les disciplines, être courageux, sociable, et surtout avoir une bonne descente.
Vous prévoyez quoi pour l'avenir ?
Après la route toute tracée devrait me permettre de devenir enseignant à l'université... pourquoi pas vous me direz... mais très peu pour moi pour l'instant. Je veux faire le tour du monde, aller voir les sociétés humaines et animales, je veux ramener des images et des sons, je veux réaliser un documentaire avec tout ça. Sur la route je veux me rendre utile et visiter universités et parcs naturels pour savoir où ça me plairait de m'installer et quelles sont les nouvelles portes que m'ouvrent toutes ses années d'école.
Les avantages et inconvénients ?
Les inconvénients de la fac sont parfois son organisation un peu compliquée. Lors des rentrées et des examens il arrive toujours des trucs agaçants avec l'administration. C'est long, les amis commencent à travailler autour de vous alors que vous avez encore "des profs". Vous êtes livrés à vous-même donc vous devez vous organiser.
Les avantages, vous êtes livrés à vous-même donc vous pouvez vous débrouiller.
Les potes bossent déjà alors que vous faites encore des études, avec la fête qui va avec, les vacances scolaires, les horaires pas trop lourds quand même...
Bon je ne trouve pas de bon côté au fait que l'administration soit souvent désagréable avec les étudiants, c'est vrai.
C'est génial de travailler avec des bébés et leurs mères, d'apprendre la langue des signes par des enfants de 8 ans, de travailler avec des autistes... Si vous êtes passionnés ça vous plaira forcément.
Les études apportent une ouverture d'esprit qui sert dans la vie de tous les jours.
Les avantages, vous êtes livrés à vous-même donc vous pouvez vous débrouiller.
Les potes bossent déjà alors que vous faites encore des études, avec la fête qui va avec, les vacances scolaires, les horaires pas trop lourds quand même...
Bon je ne trouve pas de bon côté au fait que l'administration soit souvent désagréable avec les étudiants, c'est vrai.
C'est génial de travailler avec des bébés et leurs mères, d'apprendre la langue des signes par des enfants de 8 ans, de travailler avec des autistes... Si vous êtes passionnés ça vous plaira forcément.
Les études apportent une ouverture d'esprit qui sert dans la vie de tous les jours.
Quelques conseils pour quelqu'un qui aimerait se lancer dans la psycho ?
Soyez sympa avec vos profs, ils ne sont parfois pas beaucoup plus âgés que vous.
Plus sérieusement, faites un stage professionnalisant juste après avoir eu votre Master recherche. Ca vous donnera ainsi le statut pro qui permet d'exercer en libéral. Accrochez-vous, vos premières années d'université auront sûrement des programmes très généraux, garder votre intérêt pour la spécialisation des années suivantes permet réellement de faire ce qui vous plaît. Renseignez-vous sur les programmes dans les différentes facs. Lisez, soyez curieux, posez des questions, faites la fête... profitez !
Plus sérieusement, faites un stage professionnalisant juste après avoir eu votre Master recherche. Ca vous donnera ainsi le statut pro qui permet d'exercer en libéral. Accrochez-vous, vos premières années d'université auront sûrement des programmes très généraux, garder votre intérêt pour la spécialisation des années suivantes permet réellement de faire ce qui vous plaît. Renseignez-vous sur les programmes dans les différentes facs. Lisez, soyez curieux, posez des questions, faites la fête... profitez !
Vous avez fait votre thèse sur quel sujet ?
Ma thèse concerne le développement du langage oral chez les enfants sourds. Je cherche à comprendre la continuité entre la communication sociale du nouveau-né (sourires, regards, émotions...) et le développement de son langage et de ces capacités socio communicatives.
Je veux voir comment l'enfant sourd se comporte pendant la première année, essayer de comprendre comment il apprend à parler comme "nous" lorsqu'il grandit et savoir si en l'aidant plus tôt (alors qu'il ne parle même pas encore) on ne peut pas limiter ses problèmes et retards langagiers.
Je veux voir comment l'enfant sourd se comporte pendant la première année, essayer de comprendre comment il apprend à parler comme "nous" lorsqu'il grandit et savoir si en l'aidant plus tôt (alors qu'il ne parle même pas encore) on ne peut pas limiter ses problèmes et retards langagiers.
FR28/11/2011