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Interview : Thomas nous présente son métier : Blanchisseur

07 octobre 2019

Cela fait maintenant 6 ans, que Thomas Lambaere a racheté la blanchisserie de ses parents. Il nous présente aujourd’hui le métier de blanchisseur et ses différentes problématiques.

Thomas nous présente son métier : Blanchisseur

Cela fait maintenant 6 ans, que Thomas Lambaere a racheté la blanchisserie de ses parents. Il nous présente aujourd’hui le métier de blanchisseur et ses différentes problématiques.

Thomas, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? Quel a été votre parcours ?

Je suis Thomas Lambaere, j’ai 43 ans, 4 enfants. Je suis dirigeant de la Blanchisserie EDME, depuis 6 ans maintenant, qui a toujours été l’entreprise familiale.

J’ai un parcours assez classique, école de commerce (ESPEME école du groupe EDHEC). Après mes études, j’ai commencé ma carrière en tant que chef de produit en cosmétique, dans une entreprise de la région. J’ai ensuite quitté le milieu cosmétique, pour aller dans la confiserie, où je suis devenu responsable marketing, d’une entreprise de la région également. Enfin, j’ai eu l’opportunité de racheter à mes parents, une partie de leur entreprise, il y a 6 ans.

En quoi consiste votre métier ?

La blanchisserie est un métier assez ancien qui consiste à entretenir du linge. C’est un métier où on lave, principalement du linge d’hôtellerie et de restauration (tout ce qui va être housses de couettes, draps, taies d’oreillers...) mais aussi le nappage, les serviettes de tables, les torchons, etc. Tout ce qui peut se laver à l’eau puisqu’à la blanchisserie on lave à base d’eau, à différence d’un pressing, où l’on va nettoyer avec des solvants. Ici, on parle bien de laver le textile, puis on s’occupe du repassage, du pliage et de la finition.

La journée type d’un blanchisseur ?

La journée commence assez tôt, surtout pour les chauffeurs livreurs, qui vont s’occuper d’aller déposer et ramasser le linge chez le client. Puis, ils ramènent tout en blanchisserie.

La première partie, c’est de trier le linge. On ne lave pas de la même façon une housse de couette, qu’une nappe, qu’une serviette de toilette en coton, que des bleus de travail. Chaque typologie de vêtement, à un programme de lavage particulier et une façon de le laver. Cette fonction de trier le linge, c’est séparer les différentes matières, les différentes typologies de pièce de linge que l’on rencontre.

Ensuite, le buandier entre en action. Il va prendre les typologies de linge et les laver, avec un programme de lavage adapté, en fonction du linge et des tâches qu'il rencontre. Il faut savoir que du linge d’hôtel est rarement très sale. Il y a donc un programme bien spécifique. A contrario, le linge de restauration est souvent très sale et est traité selon un autre programme spécifique.

Une fois que le linge est lavé, il va partir en séchage, repassage, pliage. Les différentes opératrices, vont s’occuper de traiter et d’ennoblir le linge. L’ennoblissement, c’est la partie où, tout ce qui est éponge, va être séché dans des séchoirs, pour leur redonner leur bel aspect gonflant, agréable au toucher.

Les pièces d’hôtellerie, restauration, linge de lit, linge de table, vont être repassées dans des machines appelées "calandres". Ces dernières, vont nous permettre de sécher, repasser et plier les pièces de linge, pour l’expédition aux clients. Un contrôle qualité est toujours réalisé à l’issue de ce traitement. On vérifie que toutes les tâches ont bien été eues. Si ce n’est pas le cas, la pièce repart au lavage. 

Enfin, il y a toute une partie de préparation d’expédition en fonction des clients, de leur commande et de leurs besoins.

Quelles sont les difficultés du métier ?

C’est un métier très exigent. Quand on essaie de faire du beau, du propre, cela nécessite une remise en question permanente. On rencontre une foultitude de tâches diverses et variées. Et parfois, il faut utiliser des trésors d’imagination pour réussir à avoir toutes les tâches.

On n'y arrive pas toujours, parce qu’il y a parfois des tâches indélébiles. Mais, on essaie de tout mettre en œuvre pour que ce soit le plus nickel possible. Nos clients ont une attente très forte et un fort besoin de service. On est toujours sur le qui-vive, c’est ce qui est compliqué. Tous les jours, on se demande si on va y arriver, si on va réussir à tout livrer, à tout nettoyer. Mais on connaît bien notre métier, on a des gens extrêmement compétents et performants en interne. Cela permet de s’appuyer sur une bonne base.

Que préférez-vous dans votre métier ?

La satisfaction du client ! Je trouve cela extrêmement valorisant et j’adore quand mes clients me disent : « On n’a rien à dire au niveau du repassage, c’est propre et bien ! » Je tire ma satisfaction, de la satisfaction de mes clients et c’est mon plus grand moteur au quotidien. Quand j’ai ce feedback de mes clients, je m’empresse d’aller le clamer dans l’atelier, pour le transmettre à tout le monde.

Quelles sont les évolutions que vous avez apportées depuis la reprise de l’entreprise ?

Quand j’ai racheté la blanchisserie EDME, elle faisait partie du groupe familial dans lequel il y avait à la fois des pressings, et la blanchisserie.

80 % de l’activité de la blanchisserie, à l’époque, était orientée particulier. Il y avait peu d’activité en B2B, et également peu d’activité hôtellerie-restauration. Pourtant, l’entreprise avait une très jolie image de qualité et savoir-faire auprès d’un grand nombre de personnes, mais elle manquait de dynamisme commercial, d’attractivité, de présence sur le terrain. Elle avait énormément d’atouts, elle en a toujours d’ailleurs, mais qui n’étaient pas mis en avant. J’appelais la blanchisserie, la belle endormie !

Quand je suis arrivé chez EDME, on a fait une énorme campagne de prospection commerciale, pour nous faire connaître auprès des hôteliers et restaurateurs. On a assisté petit à petit à un développement du bouche à oreille, sur la qualité et la performance, délivrées par EDME, auprès d’une clientèle qui était peu touchée. Depuis, on développe beaucoup cette clientèle dans un axe très haut de gamme, grâce à nos prestations de haute qualité.

On essaie vraiment d’être parfait dans notre métier de blanchisseur. Même si la perfection n’est point de ce monde, on essaie d’y tendre. On essaie également d’avoir un bon service client, c’est-à-dire être en proximité avec nos clients, être à l’écoute de leurs attentes, de leurs besoins. Les hôteliers et restaurateurs ont des métiers compliqués, où il y a des fluctuations importantes d’activité. Ils n’ont pas forcément les mêmes besoins, les mêmes attentes. Quand on va dans un restaurant et que l’on trouve une jolie nappe, bien dressée, bien repassée, bien blanche, avec une jolie serviette, c’est un préambule pour bien manger. Pareil dans un hôtel.

Quelles sont les qualités indispensables pour être blanchisseur ?

Avoir un sens de la qualité, du beau. Il faut qu’on en ait vraiment envie quand on travaille en blanchisserie. Étant donné que c’est un métier contraignant, qu'il fait chaud, qu'on est debout toute la journée et qu'il y a du bruit, il faut avoir la satisfaction de sortir une belle pièce de linge. Ça change tout ! Avoir la notion de bien faire et de faire beau ! C’est, je pense, la chose la plus importante. Mais aussi avoir du courage.

En tant que chef d’entreprise de blanchisserie, il faut savoir se remettre en question et il faut savoir être seul. Le métier de chef d’entreprise, est un métier où on est très seul, face à beaucoup de choses, à prendre des décisions, à engager la société et c’est très pesant. On se demande tout le temps, si on prend la bonne décision, la bonne direction, si on n’engage pas la pérennité de l’entreprise.

Thomas nous présente son métier : Blanchisseur