Annuler

Interview : Diététicienne

03 octobre 2012

Charlotte Brissy Diététicienne CHR Oscar Lambret (Lille) Comment êtes-vous devenue diététicienne ? En fait, il y a deux branches pour devenir diététicienne. La plus courante, c'est le DUT diététi...

Diététicienne

Société: CHR Oscar Lambret (Lille)

Comment êtes-vous devenue diététicienne ?

En fait, il y a deux branches pour devenir diététicienne. La plus courante, c'est le DUT diététique avec une première année très scientifique et une deuxième année spécialisée en diététique où on ne fait que de la nutrition. Moi, je viens de l'autre branche, c'est-à-dire le BTS. Là, ce n'est que de la diététique pendant deux ans. Généralement, il se prépare après un bac S, alors, comme je venais d'une filière SMS, j'ai d'abord fait une prépa.
Après mon BTS, je suis entrée en licence nutrition appliquée à Béthune. Pour résumer, c'est de la gastronomie liée à la nutrition : on travaille sur certains types d'aliments (algues, vins, fromages…), on apprend à rendre les plats attrayants et on fait aussi du management.

Durant vos études, avez-vous eu l'occasion de faire des stages ?

Oui, j'ai notamment fait un stage chez un prestataire de santé. C'était une société d'appareillage médical avec une branche diététique. Par exemple, on allait chez les gens poser les appareils de nutrition entérale – les sondes gastriques – et on éduquait le patient à ce nouveau mode d'alimentation.
Suite à ce stage, j'ai fait un remplacement au CHR. Puis, j'ai passé des entretiens et j'ai été embauchée ici en 2006.

En quoi consiste votre métier au quotidien ?

Nous sommes trois diététiciennes spécialisées en dénutrition du patient cancéreux. On ne fait pas partie du CHR en lui-même, c'est une entité à part.
J'accompagne en particulier les patients atteints de cancers gynécologiques, uro-digestifs et du sein. Les matinées se passent dans les étages. Tous les patients sont vus par les diététiciennes… ce qui n'est pas fait dans tous les centres hospitaliers. L'après-midi est consacré aux consultations extérieures. Ce sont soit des patients qu'on reconvoque ou qui viennent par eux-mêmes. Le plus souvent, ils sont dénutris, mais il arrive que certaines patientes viennent me voir parce qu'elles sont en surpoids à cause de leur traitement.
Avec le CLAN, comité de liaison alimentation nutrition, on met en place tous les protocoles alimentaires du centre. On essaie de varier les textures et les goûts. Il faut évaluer les apports dont les patients ont besoin et créer les protocoles de réalimentation.

Vous exercez également en libéral, quelles sont les différences majeures ?

C'est complètement autre chose. Je suis associée avec des médecins et mes consultations commencent dès que j'ai terminé ma journée au centre hospitalier. Il y a une partie beaucoup plus commerciale.
En général, je reçois des gens pour des problèmes de surpoids : diabète, hypercholestérolémie… C'est un autre type de patients. Ils vont globalement mieux que ceux qu'on rencontre à l'hôpital, donc ils sont plus exigeants.

Selon vous, quelles sont les qualités nécessaires pour exercer cette profession ?

Aimer parler avec les gens et, surtout, aimer parler de l'alimentation. De toute façon, il faut aimer la nourriture en général. Il y a aussi une part de psychologie : les patients parlent de leurs problèmes, de leur maladie, de leur famille… il faut savoir les écouter et les comprendre.

Quels sont les points positifs et négatifs de ce métier ?

Ce qui peut être difficile, c'est qu'on côtoie tous les jours le même type de population : des gens malades du cancer. Il faut avoir les nerfs bien accrochés pour supporter ça au quotidien.Sinon, l'ambiance avec les équipes soignantes est vraiment bonne. On fait partie intégrante des équipes, les médecins nous délèguent toute la partie alimentaire. Et puis, les relations humaines sont très enrichissantes. Les patients, même s'ils ne vont pas bien sont très sympathiques la plupart du temps.

Pour finir, que diriez-vous à quelqu'un qui aimerait se lancer dans la même voie professionnelle ?

On a beaucoup de stagiaires, on regarde s'ils sont à l'aise avec le patient, s'ils aiment parler avec les gens. Je pense aussi qu'il faut vouloir bouger… on a tout intérêt à explorer tous les thèmes de la diététique.
M.I.27.10.08
Diététicienne