Annuler

Interview : Responsable d'éditions musicales

03 octobre 2012

Romain Rosenblatt Responsable d'édition musicale, Auteur compositeur réalisateur WTPL Music Peux-tu nous décrire ton parcours, jusqu'à aujourd'hui ? Après mon BAC (D), j'ai...

Responsable d'éditions musicales

Société: WTPL Music

Peux-tu nous décrire ton parcours, jusqu'à aujourd'hui ?

Après mon BAC (D), j'ai obtenu une licence de sciences économiques et de gestion. Ensuite, grâce à ce diplôme, j'ai pu intégrer une quatrième année en école de commerce, l'ISEG. J'ai fais du marketing, de la négociation internationale, etc…et j'ai obtenu un diplôme d'expertise en ingénierie commerciale (DEIC).
Après ça, je suis parti faire mon service militaire en Allemagne… Je n'ai pas pu y échapper, à l'époque. A mon retour de l'armée, j'ai fais un mois dans un magasin de disques, sur Arras. Puis, j'ai intégré une première maison de disques, sur Lille. C'était la société JMP Productions, qui produisait des artistes locaux. Pendant un an et demi, j'ai occupé là-bas, un poste de compositeur/réalisateur artistique.
Après ça, j'ai bossé 4 ans chez Lesdjings Music, à Pérenchies, en tant que réalisateur artistique et compositeur. J'étais également chargé de rechercher des licences et des signatures en maison de disque.
Aujourd'hui, je travaille en compositeur free lance et je m'occupe du développement des licences et des éditions chez WTPL Music.

Quelles sont tes activités chez WTPL ?

En fait, je suis responsable d'édition et directeur artistique. Je suis chargé de trouver des débouchés pour les artistes et les titres du catalogue, de leur décrocher des signatures en majors ou de les placer dans la publicité, la TV, le cinéma, mais également sur des jeux vidéo… Mais, ce n'est pas tout, car on fait aussi du placement de titres pour des artistes en place, et dans la mesure du possible, mes titres aussi… Ainsi on est sollicité par des majors, comme Sony ou Universal Music, pour placer ou écrire des titres et composer des musiques pour leurs artistes. Par exemple, j'en ai fait pour Diam's, Emma de la Star Academy, Steeve de la Nouvelle Star, ou encore Chimène Badi… tous ne sont malheureusement pas retenus.

Récemment, le Midem a eu lieu à Cannes, vous étiez présents avec WTPL ?

Oui, nous y sommes allés à trois, avec le gérant de la société et le responsable du booking. Dans ce milieu, c'est quand même un événement incontournable. Cela nous a permis de rencontrer pas mal de monde et ce au niveau international (anglais, japonais, américains…).
A cette occasion, d'ailleurs, nous avons fait la connaissance d'un artiste Hip-Hop R'n B de Montréal, K'Maro. Il recherchait des conseils pour signer sur un label en France. Nous en avons donc discuté avec lui, et nous avons décidé d'essayer de lui décrocher une licence… J'ai contacté Sony et trois de leurs DA (Directeurs Artistiques) m'ont rappelé, j'ai donc organisé une journée de rendez-vous sur Paris. Le gérant a, lui aussi, contacté du monde mais sans retour positif et alors qu'il se demandait à qui on pouvait s'adresser, j'ai soumis l'idée d'East West (Ophélie Winter, MC Solar etc…), une filiale de Warner qui, à mon sens, était un choix pertinent pour cet artiste… Deux jours plus tard, ils nous téléphonaient à nouveau pour signer une licence avec K'Maro. Cette licence est en fait un contrat entre les deux maisons de production, l'indépendante qui a découvert l'artiste et qui reste l'intermédiaire et la Major, qui aura pour rôle d'organiser la communication de celui-ci.

Et comment s'est passée ton embauche ?

Je ne suis pas encore embauché… Pour le moment, je suis en promesse d'embauche, avec intéressement dans la société. Quand je suis arrivé, concernant l'édition musicale, c'était point mort, voire déficit, mais j'ai bossé et aujourd'hui, ça va mieux ! Nous avons pas mal de contacts avec des maisons d'édition de jeux vidéo, comme Ubisoft et Electronic Arts. J'ai aussi décroché une première licence grâce à un contact avec Stéphane Girard de chez Endemol. Il possède son propre label (Pama Records) qui a produit le groupe Kana. Il a signé, sous ce label, un des artistes que je lui ai envoyé, le groupe Unswabbed, qui est distribué aujourd'hui chez BMG… et une deuxième licence, pour K'Maro, sur ce projet, nous sommes éditeurs et apporteurs d'affaires, pas producteurs. En fait, on s'y retrouvera, au niveau financier, grâce aux droits SACEM (Diffusions radio, télé, etc.).
Ce sont les contrats de K'Maro et de Unswabbed, signés grâce à moi, qui vont radicalement changer l'avenir de la société, d'où mes attentes en terme de salaire et d'intéressement.

Pourquoi as-tu choisi de travailler dans le domaine de la musique et de l'édition musicale ?

En fait, je baigne dedans depuis tout petit, puisque dès l'âge de 7 ans, j'ai appris le piano. J'en ai fait pendant 5 ans. Ensuite, j'ai arrêté de prendre des cours et je m'attachais plus à jouer d'oreille, ce que j'entendais à la radio. Depuis, je compose essentiellement en MAO (Musique Assistée par Ordinateur)… Je bosse avec mon clavier et mon Mac.
Je ne voulais pas faire le commercial dans une boîte qui vend des cacahuètes avec mon diplôme. Aujourd'hui, je fais ce que j'aime et j'accepte les débuts un peu galère, car ma passion, c'est la musique et ça va bientôt payer pas mal, sachant que le droit d'auteur, une fois que c'est parti, est l'un des revenus les plus solides au monde !!! Tes ayant droits (enfants, etc.) touchent encore jusque 70 ans après ta mort.

A propos de galère, travailler en free lance, ce n'est pas trop dur ?

Au début, c'est difficile de faire son trou, mais aujourd'hui, je travaille sur différents projets… Je viens de composer un quart d'heure de musique électro, pour un défilé de haute couture du styliste coréen Han Song. J'ai aussi fait la bande originale de deux documentaires télé, « Destins croisés » et « Les sanglots longs des violons » (Le premier étant diffusé sur Odyssée, le deuxième, je ne sais pas encore). A côté de cela, je prépare également des titres pour une artiste de R'n B française, qui chante en anglais, pour un album qui doit sortir en Corée du Sud. Je collabore avec un autre producteur indépendant et je suis auteur, compositeur, réalisateur sur ce projet.
Sinon, je prépare aussi, seul, un projet d'album R'n B, dans l'esprit Beyonce, mais cette fois, pour une chanteuse française, sur le marché national.

Selon toi, il y a des qualités indispensables dont il faut disposer pour travailler dans ce milieu ?

En général, je dirais la persévérance et la patience, le domaine de la musique dispose d'un caractère très aléatoire. Ensuite, savoir faire preuve d'initiative et de créativité.
En tant que compositeur, il faut être prêt à galérer et à rencontrer des gens jusqu'à tomber sur les bonnes personnes. Celles qui vont te permettre de concrétiser et de placer ta musique… Ceci, en sachant que tu dois aussi apprendre à t'adapter, au fur et à mesure, aux différents secteurs qui touchent à la musique. La dernière chose à savoir quand tu composes, c'est qu'il existe des règles en terme d'arrangement des morceaux. Par exemple, la musique qui passe en radio est formatée et donc, tu dois être capable de t'adapter à ce qu'ils recherchent.

Comment envisages-tu l'avenir ?

Je compte être bientôt embauché chez WTPL, mais étant donné que j'ai pas mal de projets personnels en cours, je préférerais que cette embauche soit à mi-temps. En effet, ça me permettrait de pouvoir bosser sur ma musique à côté… parce que ça paie plus… et puis, c'est surtout parce que ça correspond plus à ce que j'aime faire. Pour autant, travailler dans une structure me permettra de conserver mes contacts et de m'en faire d'autres. De plus, je compte sur WTPL pour placer mes titres personnels sur les albums d'artistes français, je peux le faire moi-même, mais mieux vaut mettre toutes les chances de son côté !

Des conseils pour les jeunes qui aimeraient travailler dans ce milieu ?

Quand vous allez à un entretien, c'est préférable de rester soi-même, et de faire preuve d'un peu d'originalité. C'est un milieu « cool », où les directeurs artistiques parisiens sont plus jean-baskets que costard-cravate. Ensuite, soyez ouvert, musicalement parlant, car ce n'est pas dit que vous travaillerez toujours avec des artistes dont le style vous plaira.
Il est bon de savoir aussi que dans une petite structure, on ne demandera pas aux jeunes diplômés d'appliquer un mix-marketing, comme on le leur apprend à l'école. Les tâches seront beaucoup plus concrètes et diversifiées que dans une Major, où, là, tout est beaucoup plus segmenté. Bien sûr, travailler tout de suite dans une grosse structure, en tant que salarié, est beaucoup moins « galère ». Mais ça marche beaucoup avec des stages qui débouchent éventuellement sur des embauches et les grosses boîtes sont sur Paris… En plus, un jeune sera beaucoup plus responsabilisé et apprendra bien plus de choses en travaillant dans une petite ou une moyenne structure que dans une grosse Major et en se rendant « indispensable » il pourra avoir de plus grandes ambitions.

Et quel cursus te semble le plus approprié pour intégrer ce type de structures ?

Le domaine de l'édition musicale fait appel à plusieurs compétences… Pour faire du commerce à l'international, on va vous demander d'avoir fait des études de langues. Pour ce qui est de la promotion des artistes, on prendra des personnes qui sortent d'écoles de communication. Et dans les majors, il existe tellement de services, que toutes les filières y sont représentées, du juriste au commercial, en passant par les ingénieurs du son…

Et côté salaire ?

Je ne peux pas donner de salaire type… Tout ça dépend beaucoup de la structure dans laquelle tu te retrouves. Mais il faut savoir que dans une structure moyenne, où tu auras des responsabilités, tu gagneras plus que dans une Major, où tu n'as pas beaucoup de possibilités d'évolution de poste.
Sinon, en tant qu'auteur compositeur, à toi de bien bosser et d'aller « vendre ta musique », no limit !
P.E.M.
Responsable d'éditions musicales