Pas de nouvelles, bonnes nouvelles. Autrement dit, faut-il s'acharner à relayer des informations aseptisées dès lors que l'on s'est donné pour vocation d'informer ? Car c'est bien là le cur même du métier de journaliste : donner à lire, entendre ou voir les événements ou discours qui permettent de se forger une opinion sur le monde qui nous entoure. Or, la nouvelle n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd. Une pratique commune, banale, récurrente, consistait à laisser aux politiques un droit de regard sur les propos retranscrits par écrit. Par la voix et la plume de son rédacteur en chef, le quotidien régional La Voix du Nord, a décidé de rompre ce lien tacite qui unissait journalistes et politiques, l'un n'accordant ses faveurs à l'autre qu'à la condition d'un droit de regard et de réécriture. Enfin ! Vernies et polies sous les doigts de fée de communicants, les informations et interviews n'étaient plus que le reflet déformé de la réalité perçue et retranscrite, souvent de manière très déontologique et professionnelle, par le journaliste. Il est vrai que le peuple, le lecteur, n'est pas censé être au courant du travail effectué par les élites qu'il a docilement élues. Il est évident que ces dernières pensent mieux, alors à quoi bon partager le fruit de ces réflexions, au risque de maintenir en éveil une forme d'acuité populaire qui mettrait en péril la prochaine venue dans l'isoloir. La docilité ne s'achète pas au prix de la connaissance.
Reste qu'il ne s'agit là que d'un premier pas, car l'interviewé s'octroie encore souvent le droit du mensonge, du déni d'évidence, de la non-réponse, dès lors que la question ne lui plaît pas, ou n'entre pas dans son plan de communication.
Mais c'est un autre problème, qui ne figure pas sur L4M, puisque nous ne maintiendrons pas le secret sur les offres d'emploi disponibles, ni sur les sinueuses réflexions qui nous taraudent parfois.
G. Deprecq
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