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Interview : Ecrivain Public

03 octobre 2012

Dominique Borel-Devulder 58 ans Ecrivain public octobre 2004 Encre et Mémo En tant qu'écrivain public, quelles sont concrètement vos activités ? Mon activité principale est la réd...

Ecrivain Public

Dominique Borel-Devulder (58 ans)

Ecrivain public (depuis octobre 2004)

Société: Encre et Mémo

En tant qu'écrivain public, quelles sont concrètement vos activités ?

Mon activité principale est la rédaction de biographies. J'écris généralement pour des personnes âgées qui souhaitent transmettre le témoignage de leur vie à leur descendance. Cela peut également être des récits d'immigrés ou de personnes ayant vécu des expériences fortes. Parallèlement, j'assiste aussi les gens dans leurs démarches administratives en les aidant, par exemple, à écrire une lettre de motivation ou un document officiel. Mais j'envisage d'abandonner progressivement cette dernière activité qui est moins créative et surtout moins lucrative.

Quel a été votre parcours ?

A la base, j'ai une formation littéraire puisque j'ai fait des études de lettres. J'ai également un diplôme d'éducatrice pour jeunes enfants et c'est pourquoi j'ai commencé par travailler dans des centres sociaux et animer des bibliothèques. J'avais ce désir de susciter l'envie de lire chez les jeunes et spécialement dans les quartiers défavorisés. J'ai ensuite laissé de côté mon activité professionnelle pour me consacrer à mes enfants. Mais je ne suis pas restée inactive : j'ai occupé le poste de conseiller de quartier pendant 12 ans. Au terme de cette période, j'ai voulu reprendre une activité. J'ai ainsi décidé de suivre la Licence professionnelle d'écrivain public de la Sorbonne en 2003. Dans le cadre de cette formation, j'ai effectué plusieurs stages, notamment chez Emmaüs où je me suis exercée à l'écriture de témoignages et de récits de vie. J'ai également travaillé auprès d'immigrés pour le centre social de l'Alma à Roubaix. Et finalement je me suis installée à mon compte.

Pourquoi vous installer ?

J'ai créé ma société, Encre et Mémo, car les salaires proposés par les structures qui emploient des écrivains publics étaient trop insuffisants. Et généralement, lorsqu'on occupe ce type de poste dans un organisme, on est souvent envoyé en déplacements, ce qui peut être une perte de temps considérable. Par ailleurs, étant demandeuse d'emploi à cette époque, j'ai été exonérée de charges pendant 2 ans, ce qui a facilité la mise en place de mon activité. J'ai alors commencé à travailler à mon domicile et j'ai déménagé dans mon bureau actuel un an plus tard.

Quelles sont les qualités requises pour exercer le métier d'écrivain public ?

Bizarrement, je dirais que les compétences rédactionnelles ne sont pas les plus indispensables. Bien sûr, il faut une certaine aisance à l'écrit mais je pense qu'avant cela, il faut d'abord avoir un sens social très développé et une bonne qualité d'écoute. L'approche psychologique est en effet très importante dans ce type de travaux et la formation que j'ai suivie mettait d'ailleurs l'accent sur ce point. Quand j'écris la biographie de quelqu'un, j'essaie de m'imprégner au maximum de sa personnalité.

Pouvez-vous nous parler des avantages et des inconvénients de votre métier ?

Il n'y a qu'un inconvénient : l'aspect financier. Je me suis aperçue qu'il fallait faire beaucoup de publicité et c'est parfois difficile de joindre les 2 bouts. Mais j'exerce un métier qui me plaît énormément et où je prends beaucoup de plaisir. Toutes les rencontres que je fais sont véritablement enrichissantes et j'aime le défi que représente le fait de restituer fidèlement une vie. C'est gratifiant de constater que l'on a été efficace, qu'on a répondu aux attentes des gens qui nous ont sollicités. Et puis je suis libre de prendre le travail qui m'intéresse et de gérer mon emploi du temps comme je l'entends, ce qui est plutôt agréable.

Quels conseils donneriez-vous aux personnes qui souhaiteraient suivre vos traces ?

S'ils ont l'occasion d'accéder à la licence professionnelle de la Sorbonne, je la leur conseille vivement. Suivre une formation avec d'autres étudiants vous permet de vous constituer un réseau qui vous sera profitable par la suite. Autre conseil : savoir poser des limites avec vos clients. Certaines personnes peuvent venir vous voir pour un document juridique et vous prennent pour un substitut d'avocat. Vous n'êtes pas là pour ça.
R. J.02/04/07
Ecrivain Public