Interview : Généalogiste
La généalogie, une passion avant tout. Nous avons rencontré Thomas, jeune généalogiste à Lille.
À 22 ans, Thomas est en Master 1 de Droit Privé. La généalogie ? Une profession qu’il exerce 16 heures par semaine, au sein d’un cabinet Lillois. Nous lui avons posé quelques questions, pour en savoir plus !
Comment êtes-vous arrivé à ce poste de généalogiste successoral ?
Tout a commencé par un job étudiant. J’étais alors en 2e année de droit. Monsieur Kerlévéo (le directeur de l’étude) recherchait quelqu’un pour donner un coup de main. Comme d’autres jeunes, j’ai pu ainsi profiter de la volonté de Monsieur Kerlévéo, de promouvoir l’insertion professionnelle des étudiants. Et puis au fur et à mesure, je suis resté et j’ai progressé dans le cabinet, pour être aujourd’hui en CDI.
Concrètement, comment se passe une recherche d’héritier ?
Lorsqu’un défunt n’a pas d’héritier directement identifiable, la tâche de retrouver les héritiers légitimes nous revient. Nous travaillons principalement avec des notaires, et des compagnies d’assurances. S’ensuit alors un long travail de recherche, à partir d’archives de l’état civil, pour reconstruire l’arbre généalogique du défunt et retrouver ses héritiers. Cela peut parfois nous emmener loin en fonction des territoires, notamment en Hauts-de-France où les liens avec la Pologne ont été très importants, notamment à l’arrivée de travailleurs dans nos mines, au début du XXe siècle.
Dans ce cas, comment faites-vous ?
Nous faisons appel directement à des confrères sur place. Ils nous permettent d’agir tout en restant au bureau !
Pensez-vous que la diversité des situations familiales et leur mobilité rende votre travail plus difficile ?
Tout à fait ! Les divorces et les mariages sont plus nombreux dans une vie. Face à cet éclatement familial, il est certain que les choses peuvent se compliquer. Mais les outils que nous avons à notre disposition, nous permettent d’être efficaces. Sur un dossier, on peut retrouver 1, 45 ou une centaine d’héritiers ! Le nombre n’est pas limité.
À propos d’outils, les moyens dont vous disposez actuellement, par rapport à quelques décennies en arrière, vous facilitent la tâche ?
Bien sûr. Les sites d’archives départementales par exemple, qui nous donnent accès aux registres d'état civil (actes de naissance/ mariage/décès). Il n’y a plus une nécessité systématique de se déplacer pour accomplir ses recherches, car nous avons accès aux documents datant de plus de 100 ans. Pour des actes plus récents, un déplacement est nécessaire. D’autre part, le contact est aussi facilité avec les institutions, grâce notamment à internet, aux mails… Et plus insolite, grâce à Facebook ! Le réseau social nous permet de retrouver la localisation d’une personne, mais bien entendu, pas d’avoir accès à ses coordonnées.
Quel est l’aspect que vous préférez dans ce métier ?
Tout d’abord, le travail d’investigation. Être comme un enquêteur historique. On ne sait jamais sur qui on tombe, qui on va retrouver, c’est passionnant. Et puis d’autre part, le contact avec les héritiers. Une fois retrouvés, nous les accompagnons jusqu’au règlement de la succession. Dans certains cas, où les familles ont été éclatées, certaines personnes apprennent l’existence ou renouent contact avec certains membres de leur famille.
D’ailleurs, ce contact, comment se passe-t-il ?
Parfois bien, parfois moins bien ! Ce qui est compréhensible : un défunt laisse un héritage, qui ne pourra revenir en totalité à l’héritier (Droits de succession, honoraires du cabinet de généalogie). Cela peut générer une impression d’être lésé, mais nous faisons avant tout notre travail. Les médias nous collent aussi parfois l’étiquette de « chasseurs » d’héritiers, et nous catégorisent comme des personnes visant avant tout le gain, mais ce n’est pas la vérité. Nous devons informer les héritiers qu’ils ont des droits dans la succession, c’est la loi. Et nos recherches ont un coût.
Pour terminer, quels conseils donneriez-vous à une personne qui souhaiterait exercer ce métier ?
Difficile de donner des conseils ! Il n’existe pas de formation spécifique à la généalogie. Au cabinet, nous venons tous d’univers différents. La généalogie peut être intégrée par le réseau, comme cela a été le cas pour moi, ou alors par une expérience personnelle déjà importante comme la réalisation de son arbre généalogique familial.