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Interview : Etudiant en STAPS

27 août 2004
Youcef Benamar 24 ans Etudiant en STAPS 2000 Faculté des Sports de Lille 2 Jusqu'à maintenant, quel cursus as-tu suivi ? Et bien, j'ai obtenu un Bac scientifique, puis, je suis...

Youcef Benamar (24 ans)

Etudiant en STAPS (depuis 2000)

Société: Faculté des Sports de Lille 2

Jusqu'à maintenant, quel cursus as-tu suivi ?

Et bien, j'ai obtenu un Bac scientifique, puis, je suis parti un an en DUT de chimie. Cette année ne m'a pas plu et j'ai donc décidé de ne pas continuer et de me réorienter. Je me suis donc inscrit à la Fac des Sports, à Lille 2, en DEUG de STAPS. J'ai obtenu le DEUG, la Licence et cette année, j'étais en Master. En même temps, j'ai passé le concours pour devenir professeur d'EPS (CAPEPS). Malheureusement, je n'ai pas eu la moyenne requise aux écrits pour pouvoir me présenter aux oraux.

Pourquoi ce choix d'aller en STAPS, après un DUT de chimie ?

Comme je l'ai déjà dit, le DUT ne me plaisait pas. Si j'ai choisi d'aller en STAPS, c'était avant tout pour arrêter cette formation scientifique. En Fac des Sports, j'ai eu ma première année de DEUG, sans me tuer au travail. Petit à petit, je m'y suis senti bien, donc, j'ai continué. Les stages ont confirmé le fait que j'avais fait le choix d'une filière qui me correspondait. De plus, faisant de l'animation, depuis un certain temps, les facilités que j'ai avec le public adolescent ont peut-être contribué à la confirmation de mon choix d'orientation.

Quels stages as-tu eu à effectuer ?

Depuis ma première année, j'ai dû faire cinq stages, tous obligatoires et inscrits dans le cursus. Pour chaque, nous étions deux, avec une classe à notre charge, et, chacun notre tour, nous dispensions les cours d'EPS aux élèves.
En première année de DEUG, j'ai donc enseigné l'escrime à une classe de primaire pendant 4 séances. En deuxième année, j'avais les classes de CM1 et CM2 d'une école primaire de Templemars.
En Licence, j'ai effectué deux stages. D'abord, durant un semestre, à l'école primaire Viala, dans le quartier de Wazemmes. Avec mon binôme, nous avons dispensé des cours de hockey en salle à une classe de CM2. Mon autre stage avait lieu au collège Debeyre, à Loos, où j'étais chargé des cycles lutte et rugby, pour une classe de 6e.
Enfin, cette année (en Master – 1re année), j'étais au collège Carnot, à Lille, et pendant 4 mois, j'ai fait faire de la course de durée (NDLR : endurance), à des classes de 4e et de 5e.

Et, au niveau de ton emploi du temps, comment se présentait-il, cette année ?

Nous avions toute liberté dans le choix de notre stage. Celui-ci avait lieu un après-midi par semaine, au sein de l'établissement que nous avions choisi. Sinon, toute la première partie de l'année était consacrée à la préparation aux écrits de CAPEPS. D'une part, avec des cours magistraux à la Fac, et d'autre part avec des TD, le mercredi (écrit 2 le matin et écrit 1 l'après-midi). En plus de cela, nous avions également 6 cours d'IUFM (Institut Universitaire de Formation des Maîtres), où tous les STAPS de la région étaient rassemblés. Ces cours se déroulaient alternativement au sein des sites de formation de l'IUFM du Nord Pas-De-Calais (Arras, Lille, Douai, Calais…).
Après les écrits (en février), nous avons eu des cours pour nous préparer aux oraux. De plus, comme les épreuves pratiques du CAPEPS se font aussi durant les oraux, nous avons, de nouveau, eu des cours de pratique sportive, en foot, lutte, natation, gym (sol) et athlétisme (lancé de poids).

Quelles sont, pour toi, les qualités requises pour être un bon prof d'EPS ?

Aujourd'hui, en Fac, on favorise l'apprentissage théorique. Mais il faut bien avoir conscience que, dans cette profession, la pratique est très importante. Pour moi, un bon prof doit avoir de la présence. Il doit savoir poser des limites, se faire respecter et montrer qu'il n'est pas le copain des élèves, même si ceux-ci ont l'impression que, quand ils vont en EPS, ils ne vont pas à un vrai cours. Bien sûr, en tant que prof, on doit également faire preuve de pédagogie, pour savoir montrer que le sport n'est pas qu'un loisir. On doit en montrer l'utilité, pour que l'élève, ensuite, puisse pratiquer sans la présence d'un prof.
Je ferais également un cas particulier pour ceux qui seraient amenés à enseigner en ZEP (Zone d'Education Prioritaire). Le sport va être, là, un moyen de travailler sur la citoyenneté, sur soi. Par la pratique d'une discipline comme la boxe, on va leur apprendre à se contrôler, à connaître les limites. On va aussi travailler sur la sécurité et l'intégrité physique, en montrant les risques encourus lorsqu'on pratique un sport n'importe comment.

Et que conseillerais-tu aux étudiants qui voudraient aller en STAPS ?

Il faut de la volonté… surtout maintenant. Avant, le plus dur c'était d'y entrer, car il y avait un concours qui était vraiment difficile. Aujourd'hui, il n'y a plus aucun problème pour intégrer la filière STAPS, mais ce qui est compliqué, c'est d'en sortir en ayant le CAPEPS. Il faut donc se donner à fond, car on ne prend que les meilleurs.
Il faut faire attention aussi en entrant à la Fac, on peut rapidement dévier, car on est tenté de sécher certains cours qui paraissent barbants et inutiles pour l'année en cours. C'est une erreur. Il est très important de prendre tous les cours, car ils servent tous lorsqu'on passe le CAPEPS. Cependant, il faut savoir que STAPS ne mène pas qu'à une carrière de prof d'EPS. Il existe d'autres filières, comme éducateur sportif travaillant avec des handicapés ou encore, management du sport et événementiel sportif. Les stages sont aussi là pour t'aider à te décider sur ton orientation.
Et la dernière chose que j'ai envie de dire, c'est qu'il ne faut pas croire qu'être prof de sport, ça se limite à lancer un ballon aux élèves et à les regarder jouer. C'est très compliqué, car, à la différence des autres carrières professorales, à la théorie s'ajoute la pratique.

Comment envisages-tu l'avenir ?

Etant donné mon échec, cette année aux écrits du CAPEPS, je compte repasser le concours l'an prochain. Cette fois, je passerai le CAPEPS externe, mais aussi l'interne, car mes années en tant qu'animateur en mairie me donnent le droit de passer les deux. Ainsi, je double mes chances de réussite à l'examen et de devenir prof.
Si je ne réussis pas, malgré tout, alors je pense que je me lancerai dans une carrière sociale. Avec mon BAFD (Brevet d'Aptitude à la Fonction de Directeur), je peux travailler au sein d'un service jeunesse de mairie.

Pour terminer, peux-tu nous dire ce que tu penses des réformes actuelles de l'Education nationale ?

Je pense que tout ça est une question d'argent. Aujourd'hui, l'Etat cherche à réduire ses dépenses, or l'Education nationale est son deuxième plus important budget. Pour diminuer les coûts, ils veulent supprimer des postes et les remplacer par des maîtres auxiliaires et des éducateurs sportifs. Ces derniers font plus d'heures, n'ont pas les vacances comptabilisées et sont donc payés moins.
P.E.M.
Etudiant en STAPS