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Interview : Créatrice de mode

29 avril 2013

La couture était sa première passion, son chemin n'a pas été linéaire mais à force de persévérance, Marina Acosta a entièrement créé sa propre ligne de vêtements, Zawann.

Créatrice de mode

Société: Zawann, 15 rue d'Alger 59 000 Lille

Crédits photo: Trench Scherlock, photo par MRS.KorBack, Illustrations et incrustations sur photos Amandine Ringot, modèle Kotka Green aka Laetitia Kesteloot Kupczak, MUAH Marina G Make Up, Coiffure Koxtension Synthetic Dreads, chaussures : Anamaria Lepoutre Chaussures

C'est dans la rue d'Alger à Lille que ce trouve ce lieu atypique, l'atelier de couture Zawann. La créatrice Marina Acosta me reçoit accompagnée de sa jeune recrue. Musique, tissus vintages et confections uniques, les lieux me plongent immédiatement dans son univers. Depuis 2006, elle imagine et coud entièrement des vêtements que vous pourrez ensuite commander sur son site internet. Elle raconte son aventure.

Avez-vous toujours exercé le métier de créatrice ?

Avant j'ai eu une tout autre carrière que la mode. A la base, j'ai un BTS action commerciale, je travaillais en famille dans la grande distribution. Je faisais un peu de tout, de la gestion, de la communication, de la comptabilité…

Comment êtes-vous devenue créatrice ?

Je suis complètement autodidacte, ma grand-mère dirigeait un atelier de confection « Frank Olivier » et j'ai grandi chez elle au moment où l'atelier venait de fermer, elle avait gardé plein de matériel et faisait beaucoup de couture. J'ai appris chez elle.

C'est en quittant mon travail dans la grande distribution et en arrivant à Lille que je me suis remise à la couture. J'ai travaillé chez Etam ce qui m'a permis de réaliser que le vêtement était un produit avec lequel j'aimais travailler. Par la suite, j'ai eu des enfants donc je me suis mise en congé parental et là j'ai recommencé à coudre avec ma grand-mère. Au départ, c'était elle la modéliste, et moi je faisais les modifications des patronages, j'avais des idées de vêtements et de choix de tissus mais la réalisation de A à Z ce n'est pas moi qui la faisais. Mais je me suis beaucoup entrainée.

J'ai rencontré des jeunes filles qui sortaient d'école de couture avec qui j'ai monté un collectif associatif. Grâce à lui, j'ai fait plusieurs expositions et très vite je n'ai plus pu tout stocker chez moi alors j'ai mis mes créations dans un dépôt-vente. Elles se sont vendues très vite, ce qui m'a conforté dans l'idée de continuer à créer. A partir de là, je me suis mise à mon compte.

La première année je vendais en boutique de créateur à Lille, mais à chaque saison je devais récupérer tous les invendus. J'ai commencé à mettre mes fins de collection sur ebay, ça a très bien marché, je me suis petit à petit construit une réputation. Puis j'ai fait des prototypes que je photographiais et que les clientes pouvaient commander directement, ma clientèle a pris beaucoup d'ampleur.

Ensuite, j'ai vendu en ligne sur DaWanda et A little market (plateformes multimarques pour les créateurs).

J'ai aussi participé à l'aventure du grand bassin pendant 2 ans, le magasin du grand vestiaire à Roubaix ce qui demandait beaucoup travail sauf que sur la fin je produisais tellement que cela devenait difficile à gérer.

Aujourd'hui, je me suis concentrée sur la vente par internet et je travaille chez moi. Je fais tout, j'ai même appris à me servir du web dans une agence multimédia à Wasquehal où j'ai travaillé pendant 6 mois.

Racontez-moi une journée type dans votre travail ?

Le matin quand je bois mon café, je fais ma communication sur Twitter, Facebook, Pinterest etc. pendant une heure, après j'ai ma journée de production de 9 h à 17 h et le soir je m'occupe de l'aspect relationnel client et développement.

Je reçois aussi des clients qui viennent me voir pour que je leur confectionne des modèles uniques. J'ai travaillé dernièrement sur des habits de mariage : Robe de mariée, costume d'hommes et habits des invités.

Où trouvez-vous l'inspiration pour vos modèles ?

Elle est nourrie de littérature, de peinture, d'histoire de la mode, des pièces que j'ai chinées, on enregistre au fur et mesure des formes et des couleurs dans sa mémoire que l'on va rechercher quand on en a besoin.

J'ai aussi une base de données faite de patrons, qui me sert pour les gabarits et pour les gradations.

Par exemple, j'ai ici une robe d'inspiration XIXe que j'ai raccourcie. Il y a un tableau de Delacroix où on voit George Sand à coté, elle a la même forme de robe.

Quelles sont les qualités nécessaires pour exercer votre métier ?

Il faut être patient et courageux : depuis que je me suis mise à mon compte je fais des journées de 12 h. Il ne faut pas vouloir y arriver tout de suite, puis surtout être créatif et curieux.

Quels sont les inconvénients de cette profession ?

Cela demande beaucoup de temps surtout quand on fait tout soi-même.

Avez-vous des conseils à des gens qui voudraient s'engager dans cette voie ?

Utiliser les plateformes de créateurs comme alittlemarket.com et DaWanda pour se faire connaître sur internet, parce qu'on peut ouvrir des boutiques en ligne gratuitement et on a juste une commission à reverser ; en contrepartie cela offre une grande audience sur l'Europe. Et tenir un blog bien sûr. Pour les formations, il est possible de faire une école comme ESMOD et apprendre le métier en condensé en 3 ans, ensuite il y a des personnes qui commencent par le bac pro « Couture » ce qui permet d'avoir de bonnes bases en modélisme. Après, tout dépend de si l'on veut être styliste ou modéliste. Si on veut être créateur, il faut avoir toutes les cordes à son arc : savoir faire un patronage, les gradations (adapter aux différentes tailles) et le montage.
CS29/04/2013
Créatrice de mode