Une question se pose aujourd'hui, à l'heure de prendre et de tendre une plume qui se veut reflet de l'actualité, de la vie, de la société. Comment parler des gilets jaunes, ou plutôt comment ne pas en parler ? Sujet clivant car difficile à appréhender dans son ensemble, entre revendications souvent légitimes et modes d'actions, alors qu'au milieu coule une misère qui engendre forcément parfois des gestes extrêmes, parfois d'une humanité qu'on croyait oubliée. Le désespoir n'est que rarement bon conseiller.
En déviant la réflexion, voilà l'autre question. Comment s'en informer ? La multiplication des chaînes info, qui voguent sur le spectacle, invitent les mêmes spécialistes, dissertent les mêmes pensées, donnent le ton. Le choix de l'angle, une seule vision, et voilà l'opinion qui penche, manichéenne, version duelle d'un mouvement protéiforme. Faire l'économie de la réflexion et de la contradiction, pour qui cherche à comprendre et s'enrichir, forger son opinion, n'a rien de constructif. Le problème est riche, la réponse est pauvre. Surfer sur d'autres sources, chercher sous d'autres cieux, aller à la rencontre, se frotter au terrain, trouver le complément par l'expérience. Les bras ballants, comment rattraper la réflexion au bond ? Vu l'ampleur du mouvement, il paraît important aujourd'hui de savoir s'en emparer, sans les gants et le voile d'une pensée prédigérée.
Chez L4M, on n'en parlera donc pas, de ces gilet jaunes, le sujet est trop clivant. Reste qu'il y a ici un moyen de se faire une place dans le rythme du vivant.
G. Deprecq
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