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Interview : Ebeniste

03 octobre 2012

Camille Stopin Ebéniste d'art à Lille Votre vitrine indique que vous êtes ébéniste de père en fils, avez-vous cependant suivi une formation avant d'entrer dans la vie active ? Je...

Ebeniste

Votre vitrine indique que vous êtes ébéniste de père en fils, avez-vous cependant suivi une formation avant d'entrer dans la vie active ?

Je sors juste d'une formation de 84 heures. En fait, je n'arrête pas de me former car nous ne sommes jamais assez qualifiés.
En fait, j'ai commencé par un CAP ébéniste dans une école des Vosges pendant deux ans, ce qui m'a permis d'acquérir certaines bases. Au sortir de cette école, je suis entré directement dans la vie active. J'ai ainsi pu commencer à travailler avec mon père. J'ai cependant continué à prendre des cours par correspondance, par l'intermédiaire de l'AFPIA (Association de Formation des Professionnels de l'Industrie de l'Ameublement). Ce n'était pas facile car je travaillais la journée dans l'atelier, et je suivais les cours par correspondance le soir.Mais grâce à cette formation à distance, j'ai pu passer un BP (Brevet Professionnel) en ébénisterie d'art. J'ai échoué au premier passage, mais je l'ai eu la seconde fois…
Après 10 années d'activité avec mon père, les rôles se sont peu à peu inversés et j'ai fini par reprendre l'affaire, mon père et mon oncle sont alors devenus mes salariés.

Vous m'avez dit que vous sortiez juste d'une formation pour adulte, en quoi consistait-t-elle ?

Il existe de nombreux organismes de formation pour adulte, notamment des associations comme l'AFORMAD (Association pour la Formation de l'Artisanat de l'Ameublement), qui intervient auprès des artisans, et l'AFPIA qui forme les professionnels de l'industrie.
Ces associations permettent de se former, comme de s'informer dans des domaines très précis.Je suis personnellement impliqué dans certains de ces organismes comme l'AFORMAD, et l'UNAMA (Union Nationale des Artisans des Métiers de l'Ameublement).

Comment est répartie l'activité entre le travail manuel et le travail plus « intellectuel » ?

On consacre plus des trois quarts de notre temps à la fabrication et à la restauration. La gestion et tout le suivi clientèle ne prennent que peu de temps.

Quelles sont, d'après vous, les qualités indispensables au métier d'ébéniste d'art ?

Il faut être méticuleux, rigoureux, patient, aimer le travail fini et avoir une certaine résistance physique.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui voudraient se lancer ?

Il faut savoir que les débouchés de l'ébénisterie d'art sont faibles et en régression. La consommation actuelle ne favorise pas les métiers de tradition comme le nôtre, de plus l'ouverture des frontières européennes ne va pas améliorer les choses, puisqu'on trouve, dans les pays de l'Est notamment, de très bons ouvriers à des coûts bien moindres.
Cependant, beaucoup d'artisans français ont entre 50 et 60 ans, c'est pourquoi il y aura de la main d'œuvre à remplacer d'ici les cinq prochaines années.
Mon conseil est donc de s'assurer de sa propre motivation par des stages effectués en entreprise. Je pense que les meilleurs trouveront du travail dans l'ébénisterie d'art, les autres devront se retrancher sur d'autres professions de l'ameublement, peut-être moins exigeantes.
Une spécialisation peut être nécessaire pour s'assurer des débouchés.
C.S.