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Dossier : La fuite des diplômés

21 avril 2022
La fuite des diplômés. Le nombre de candidats contraint d'aller chercher du travail à l'étranger ne cesse d'augmenter en France. On estime à 2,3 millions le nombre de Français vivant à l'étranger....
La fuite des diplômés

Le nombre de candidats souhaitant aller chercher du travail à l'étranger ne cesse d'augmenter en France. On estime à 2,5 millions le nombre de Français vivant et/ou travaillant à l'étranger (simple estimation car "seulement" 1,6 millions de français sont inscrits sur les registres consulaires en janvier 2022, et ce, malgré la crise sanitaire mondiale). Symptôme d'une moindre attractivité du territoire français ? Rien, ni les salaires, ni les conditions de travail, ni les perspectives de carrière, ni le climat relationnel, ne les a en tout cas retenus ici.

UN PHÉNOMÈNE QUI N'EST PAS RÉCENT

Les jeunes diplômés français rêvent de plus en plus massivement de travailler à l'étranger pour valoriser leur carrière. La migration de citoyens hautement qualifiés vers d'autres lieux peut avoir des conséquences importantes sur le pays d'origine. En effet, sans une main-d'œuvre qualifiée, il est difficile pour un pays de se développer et de prospérer. Ce phénomène est appelé la « fuite des cerveaux ».

Le départ de jeunes diplômés, de cadres ou d'entrepreneurs français à l'étranger n'est un atout pour la France que si ces derniers reviennent en France ou travaillent pour des entreprises françaises.

LES RAISONS DU DÉPART

Les principales raisons évoquées sont variées et propres à chacun : la recherche de nouvelles opportunités, de meilleures conditions de vie, de meilleurs salaires, ainsi que le manque de débouchés en France dans certains secteurs précis.

Les entreprises implantées dans l'Hexagone n'auraient-elles pas les moyens de payer les candidats selon leurs diplômes? Les Français sont nombreux à se voir refuser un poste car ils sont trop diplômés ou trop qualifiés. Derrière ce débat, il y a le problème sous-jacent de la place accordée en France aux plus hauts diplômés et à l'orientation de la recherche. La France a investit 2.19% de son PIB dans la recherche et le développement selon les derniers chiffres de 2018 de la Banque Mondiale. À titre de comparaison, à la même période, ce taux était de 4.94% en Israël, 4.53% en Corée du Sud et plus proche de nous, de 3.37% en Suisse et 3.13% en Allemagne. 

De l'autre côté de l'Atlantique, les entreprises américaines et canadiennes poursuivent par ailleurs leurs recrutements. Les universités locales sont un des plus gros employeurs pour les jeunes chercheurs français, grâce à la National Science Foundation, un grand organisme public américain. Cette fuite des cerveaux est inquiétante, non que la France ait besoin de ces gens (elle ne les emploie pas), mais elle les a formé pendant 20 ans, et cela coûte cher.

Toutes les indications recueillies montrent qu'en dépit des mesures prises par les pouvoirs publics, l'exode de cadres et de créateurs d'entreprise, est loin d'avoir cessé.

L'ELDORADO DES DIPLÔMÉS

L'intérêt croissant des jeunes cadres et des entrepreneurs français pour l'expatriation a profité aux États-Unis et au Royaume-Unis (près de 300 000 de nos compatriotes y vivent, malgré l'impact du Brexit) plus qu'à d'autres pays sur les dernières décennies, mais d'autres destinations sont recherchées. Ils sont, en effet, nombreux à avoir cédé à l'invitation des cousins francophones du Québec ou à l'attrait des grands espaces australiens.

Dès les années 70-80, une première vague avait ouvert la voie. Des entrepreneurs français s'étaient, à l'époque, implantés en Californie pour participer à la naissance de la micro-informatique, y trouvant par la même occasion, un dynamisme et des opportunités qui n'existaient pas en France. La Californie donne encore aujourd'hui accès à une concentration de ressources humaines, technologiques et financières unique au monde.

La fuite des diplômés