Jour d'affluence dans les rues de Lille. Comme bien souvent en semaine, aux alentours de 17h30, lorsque chacun quitte ses activités pour rejoindre son domicile. Circulation au coude à coude, on se presse, on s'oppresse, la circulation se fait dense. Boulevard fréquenté, carrefour encombré, un homme s'arrête, se gare en troisième file, sur un côté. Deux places libres en face, pourtant. Et de traverser, rejoindre au petit pas, la boulangerie d'à côté. Sur la route, les files s'allongent, tout klaxons dehors, artère bouchée. A l'intérieur, l'homme d'un âge certain, baguette en main, interpelle le suivant, chevelu, élégant, nez au vent. Voilà que les souvenirs surgissent, les cheveux longs, mai 68, la liberté, les « C'était mieux avant, non ? » ; « On était plus heureux, de mon temps... » Le vieil homme parle en soupirant. Dubitatif, le jeune homme toise un instant le personnage au ton bonhomme. « Monsieur, le bonheur, c'est peut-être aussi de savoir un peu respecter l'autre, ça se construit de petits instants, c'est mettre l'harmonie dans ses rapports. Alors, oui, c'était mieux avant... avant que vous ne vous gariez comme un truand. Et mon bonheur, de vous voir rapidement bouger votre véhicule qui bloque une centaine de personnes, juste pour vous, à ce carrefour... Une baguette, et un pain noir, s'il vous plaît. »
Étonnant, stupéfiant, comme parfois un petit geste égoïste du quotidien impacte à ce point autant de gens. Il fallait certainement que ce soit dit, un peu décrit, comme un élan.
Chez L4M, pas question d'entraver la bonne circulation qui doit mener chacun sur les routes de l'emploi.
G. Deprecq
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