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Des choses étranges ont poussé ces derniers temps dans quelques rues de Lille, et peut-être d'autres agglomérations également. Suspendus à des lampadaires, des espèces de micro semblent guetter le passant, toute moumoute dehors. Ils sont garnis de petits pics, histoire de décourager les pigeons ou autres volatiles d'y poser leurs petites papattes et d'y déposer leur commission. C'est qu'il faut prendre soin du matériel.
Mais la question demeure. Sont-ce bien des microphones, qu'enregistrent-ils, et à quoi bon ? Ils ne sont pas forcément disposés dans des rues passantes, ni à proximité de lieux de détente. Les autorités n'ont pas besoin de cela pour rabattre les soirées lilloises dans certains secteurs et étouffer les initiatives culturelles émanant du bistrotier lambda. Toujours est-il qu'on se retrouve à chuchoter dans la rue, voire à se taire, ou à tenir des discours châtiés, d'intello-progressiste, pour ne pas choquer l'interlocuteur au bout de son fil. A moins d'en profiter pour quelques blagues potaches, espérant entendre un rire quelque part derrière ce « micro sans tain ». Mais rien, pas un indice permettant de déterminer de l'utilité de l'objet. Peut-être une alternative aux caméras, pour reconnaître les mieux timbrés à leur voix.
En attendant, allons-y sur la pointe des pieds, pour ne pas brouiller l'écoute, comme sur L4M où on peut postuler en silence derrière son écran, mais aussi en chantant, hurlant, soupirant, car de là où on est, on ne vous entend pas, soyons rassurés.
G. Deprecq
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