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Il y a tout un tas de choses que j'ai toujours rêvé de faire sans jamais oser franchir le cap. Genre marcher dans la rue, pieds nus, skate sous le bras, en parlant anglais « fluent » avec une espèce de bonnet sur la tête. Jamais fait, et pourtant, c'est trop cool. Adopter un style hipster, parce que je ne sais pas ce que c'est alors que c'est trop chouette il paraît. Ou me faire tatouer un anaconda sur le cou, débordant sur le visage et finissant sur le nez, c'est pourtant trop stylé. Faire un saut à lélastique, trop risqué ; voler un bonbec dans une boîte à « chuck », trop sucré ; faire la nique à la police, trop marqué ; voler un baiser, trop suspect ; câliner un arbre devant les passants, trop perché... Et j'en passe et des meilleurs. Pourtant, nous vivons une époque où chacun libère ses envies et ambitions sans tabou, où le domaine des possibles s'étend sans limite de raison, où l'imaginaire n'a plus de frontière, où même la main griffue de l'État parvient à nous fouiller les poches avant même qu'elles ne soient remplies de jolis biftons. Il faudra bien que je m'y mette un jour, à agir sans la barrière de l'éducation, à m'inspirer de ces modèles qui s'étalent sans vergogne sur les écrans de télévision. Faudra bien que je me rende compte à quel point mon indispensable retour à la vie commune peut souffrir toutes les casseroles, supporter n'importe quelle bricole et survivre grâce à mes fausses auréoles. Sans complexe, poursuivre une course folle vers le pouvoir, le bonheur et l'argent, et pour le bien commun il va de soi.
Bref, il va bien falloir s'aligner un jour au niveau des élites, ne pas rester petit, dans son coin, apeuré par la vie. En attendant le déclic, je n'ai toujours pas non plus réussi à mentir sur mon CV, peut-être parce que c'est sur L4M que je l'ai déposé...
G. Deprecq
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