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Nelson Mandela est mort, vive Nelson Mandela ! Encensé durant son existence de lutte, le leader de l'ANC a rendu les armes la semaine dernière, à 95 ans. Il aura passé 27 ans dans les prisons sud-africaines avant de devenir le président de la nation, devenue ensuite arc-en-ciel. Un parcours qui l'a amené, comme d'autres prophètes de paix, à revendiquer le pardon comme solution, comme moyen de bâtir les fondations d'une nouvelle société. Pardonner à ses geôliers, à cet homme blanc ségrégationniste.
Alors les éloges pleuvent, s'écrivent et pleurent ce Madiba dont la force du sourire sait encore aujourd'hui, en cette période de deuil, inspirer la joie et l'allégresse d'un peuple qui a retrouvé l'espoir et une forme d'union. Chefs d'état, journalistes, penseurs, philosophes, artistes, sportifs... tous ont été touchés par l'action, puis la disparition de l'homme. Mais combien s'en inspireront-ils ? Le pardon peut-il faire école de nos jours alors que les tensions économiques induites par les multiples crises déteignent en conflits ? Le pardon n'est pas nouveau. Il est le fait de religions séculaires, de courants de pensées ancestraux. Et pourtant, si peu des dirigeants et décisionnaires actuels semblent prêts ne serait-ce qu'au compromis. L'histoire et ses enseignements n'ont pas arrêté la fuite en avant. Tout juste cet événement va-t-il inspirer trois bouffées d'oxygène, avant l'expiration, grand souffle qui balaiera les intentions et belles moralités.
Puis d'autres s'empressent déjà de chercher la petite bête, de noircir le tableau, de trouver sa part d'ombre à cet homme décrit comme lumineux. Le temps ne suspend pas si facilement son vol et oublie la nature même du tout un chacun et du pourquoi pas lui, réflexion manichéenne qui voudrait que tout soit lumière ou obscurité, noir ou blanc, apartheid des pensées et de la réflexion. Pourtant, ce sont également ses défauts qui ont mené Nelson Mandela, ses défauts qui ont également guidé ses pas et sa volonté.
Un homme hors-norme s'est éteint, mais un homme avant tout, qui n'avait pas oublié sa nature mais pouvait la sublimer au-delà de son propre intérêt. C'est peut-être là qu'il faut piocher l'inspiration...
L4M l'écrit noir sur blanc et inversement.
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