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Vous l'aurez certainement remarqué, la mode actuelle, et depuis quelque temps déjà, est à l'écologie. Le temps de laisser le concept entrer dans les têtes à coup de martèlement publicitaire et d'injonction journalistique, et voici les esthètes de la sémantique, du beau verbe et de la langue de Molière, en pleine réflexion. Ou plutôt « écoréflexion », dite réflexion verte (et pourtant sagement mûrie). Car c'est tout un nouveau vocabulaire, sublimé par le préfixe « éco » qui déboule dans nos lectures et sur les ondes. Mettre un papier à la poubelle plutôt que de le balancer par la fenêtre n'a plus rien de citoyen, c'est devenu un « écogeste », à l'instar du tri sélectif. Prendre l'habitude de mettre un pull à la maison plutôt que de monter le chauffage, ou simplement couper l'eau quand on se savonne, ou mieux, fabriquer son compost et utiliser des toilettes sèches, tout cela tient lieu de l'« écocomportement ». Alors qu'il pourrait s'agir tout simplement d'économies... On voit naître des « écoquartiers », avec des « écoconstrutions » le tout égayé d'un peu d'« écoprospective » pour fabriquer un « écohabitat ». Tout cela fait bien sûr écho à une politique qui se veut désormais « écolonomique », mot synthèse de deux antagonismes (ou termes oxymoriques, autre éco-néologisme) visant à mettre du vert autre part que sur les billets du même nom en faisant cohabiter économie et écologie en un seul mot. Sachant que les deux n'ont pas un historique passionnel et encore moins fusionnel. Bref, l'échographie de ce néosymbolisme vire rapidement à la pirouette renversée cherchant à faire (é)cohabiter des « écohabitudes » d'« écoconsommation ». Tout cela pour consommer vert mais consommer tout de même... Pour entretenir une « écocroissance ». Heureusement, L4M, où les ordinateurs et la lumière sont éteints chaque soir, en vérifiant bien que la led rouge devient noire, est dans les clous. Reste à inventer l'écorecrutement vert !
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