|
Voilà une dépêche soigneusement envoyée par les ministères concernés, et estampillée du sceau de la République française, qui annonce la saisie, à Calais, de 19 tonnes de cigarettes de contrebande. Pas de doute, les douaniers ont fait leur boulot, et les journaux se sont empressés de relayer l'information. On apprend que le chauffeur du camion incriminé a été condamné à 10 mois de prison avec sursis, et à 2,4 millions d'euros d'amende. L'histoire ne dit pas comment le malheureux va payer son forfait, mais l'on se félicite dans les cabinets d'une telle prise, et d'ajouter que la douane française a saisi en 2012 près de 371 tonnes de ces cigarettes de contrebande. La belle affaire. Pour autant, si l'on nous demande d'ingérer cette information au milieu du flot continu des autres, aucun recul n'est pris, ni d'explications. On diffuse, sans autre forme de procès. Pourtant, il paraît important d'en savoir un peu plus sur la provenance de cette contrebande. Ces cigarettes sont-elles fabriquées dans des usines perdues en Sibérie ou ailleurs et invisibles des radars, sont-elles détournées des productions légales (auquel cas les manufacturiers préviendraient-ils les autorités... ?), comment ce commerce est-il alimenté ? Autant de questions qui mériteraient une enquête journalistique afin de donner une information consistante. Certainement que les moyens d'investigation manquent au sein des rédactions et qu'il est plus facile de relayer une dictée prémâchée. Et au lecteur d'ingurgiter, ou plutôt d'inhaler une fumée sans feu, forcément mauvaise pour sa santé.
Mais par contrepied, sur L4M, pas d'annonce contrefaite, juste des propositions labellisées.
|
|