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S'il est bien une chose qu'un journaliste, autodidacte qui plus est, doit savoir faire, c'est s'interroger pour mieux interroger son interlocuteur. Mais également pour obtenir les meilleures informations et également les recouper. C'est bien connu, dans le petit jeu médiatique, chacun prêche pour sa paroisse et tente de manipuler son message pour feinter le messager. Pas chassé, esquive à droite, rotation et prise de vue à 360° forment des bases du métier, histoire d'éviter les chausses-trappes rhétoriques. Alors quand pour la première fois, on se retrouve dans un stade ou une manifestation, la question du nombre de spectateurs, supporteurs, manifestants, se pose. Et d'apprendre à découper une enceinte en carrés pour, à coup de centaines, estimer la population. Bref, il y a des techniques pour les endroits clos, difficiles à reproduire en sites ouverts. Il n'empêche que lorsque les chiffres de la fameuse « Manif pour tous » sont tombés, 300 000 manifestants selon la police, 1 400 000 selon les organisateurs, on peut s'interroger sur la manière d'effectuer les calculs. Un rapport de 1 à 5 paraît invraisemblable et ne semble pourtant pas émouvoir plus que ça les deux parties, campées sur leurs positions. Deux questions se posent alors : Comment ? Et pourquoi ? Comment peut-on en arriver à de tels écarts ? À l'heure où l'on est capable de calculer le volume des océans, de trouver des micro traces de pesticides dans de l'eau, de trouver une aiguille dans une botte de foin, de calculer la vitesse relative d'un véhicule grâce à un radar embarqué, voire de savoir quelle goutte fera déborder le vase, on est en droit de se demander comment il est possible de ne pas avoir d'estimation fiable du nombre de manifestants. D'autant que des photos prises d'hélicoptère doivent permettre, comme pour un stade, de diviser une rue en carrés, de mettre une centaine de personnes dans ce carré et de multiplier par... Bref, un peu de math et ça roule !
Mais voilà, les photos sont secrètes comme les archives des RG et d'Interpol réunies. Vient donc cette deuxième question : Pourquoi ? À quoi bon cacher ce genre d'information ? Qu'est-ce qui peut gêner les élites bien pensantes dans le fait de donner de vraies estimations ? Si ce genre d'informations, qu'on peut qualifier de basiques, ne parviennent pas aux journalistes et donc aux citoyens, il paraît logique de supputer que d'autres, beaucoup plus importantes (et on ne parle pas ici de la vie privée de DSK, de comptes en Suisse ou de dettes) ne nous parviennent pas. C'est sûrement qu'il vaut mieux maintenir la population dans l'ignorance, pour son bien, et lui donner la leçon sur un joli ton paternaliste et condescendant. On vous fournit les illères, mais c'est vous qui les payez (schéma à main levé, voire estimation grossière de l'enfumage, ratio 1 à 5, selon vos moyens). Pas d'inquiétude, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Heureusement, L4M sait de son côté jouer la transparence adaptée et peut garantir qu'il a déjà permis à 100 000 personnes de trouver du travail, à moins que ce ne soit 1 million... à vue de nez, car on n'a pas d'hélico...
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