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Interview : Démineur

23 avril 2012

 

La devise du Service de déminage de la Sécurité Civile, « Réussir ou périr », résume parfaitement la dangerosité du travail des 300 démineurs de France. Rencontre av

Démineur

Antoine Smeyers (53 ans)

Démineur (depuis 1987)

Société: Centre de déminage d'Arras

En 1983, Antoine Smeyers exerce ses fonctions de policier à l'aéroport d'Orly quand une vague d'attentats assez meurtrière frappe le pays. Le déclic s'opère véritablement à 14 h 10, le 15 juillet 1986, quand une bombe explose au comptoir de la Turkish Airlines dans la zone 2 de l'aéroport. Un an plus tard, après avoir suivi une formation en partie dispensée par les démineurs de la sécurité civile de Paris, le jeune policier retire définitivement son uniforme et intègre aussitôt le centre de déminage d'Arras.

Une carrière explosive…

Après vingt-cinq ans de carrière, Antoine Smeyers ne compte plus le nombre d'interventions effectuées. Il faut dire que, dans la région, le travail ne manque pas : « On reçoit en moyenne entre 2 000 et 2 500 demandes de ramassage par an ce qui représente environ 150 tonnes de munitions qu'il faut évacuer puis transporter sur un terrain militaire en vue d'une destruction en toute sécurité. »

Même si plus de 200 tonnes d'explosifs en tous genres ont encore été récoltés dans la région par les différentes équipes du centre de déminage d'Arras l'an dernier, « chaque cas est particulier et chaque intervention est totalement différente de la précédente ». Le métier nécessite en effet une véritable faculté d'adaptation ce qui explique notamment qu'une intervention commence systématiquement par « une analyse approfondie de la situation. On ne fait jamais rien sans s'être concertés avec notre binôme. »

Déminer n'est pas jouer

Pour les démineurs, le risque zéro n'existe pas. En effet, il ne faut jamais perdre de vue que ces explosifs ont été conçus pour tuer. « Même après de longues années passées sous terre, un obus, une mine ou une grenade sont aussi dangereux qu'au premier jour », explique-t-il. Ainsi, au contact d'une munition de guerre ou d'un engin explosif, impossible de tricher.

Ce qui fait la force d'un démineur, c'est le juste équilibre entre l'assurance d'une technique parfaitement maîtrisée et le détachement face aux risques. Comme il l'explique, « il ne s'agit pas de banaliser le danger mais simplement de mieux l'appréhender ». Antoine Smeyers reste en effet très pragmatique : « Quand on arrive sur un lieu d'intervention, les gens nous accueillent souvent comme leurs sauveurs. Mais nous ne sommes pas des surhommes ! C'est vrai qu'on exerce un métier assez particulier mais il faut savoir rester humble ! »

Après vingt-cinq ans de bons et loyaux services, l'heure de la retraite approche à grands pas. Même s'il avoue en rigolant qu'il a quelquefois mal aux articulations en descendant du 4x4, il ne compte pas raccrocher tout de suite et envisage même de prolonger sa carrière aussi longtemps que possible.

D'ailleurs, ce passionné entend bien poursuivre sa mission de formation auprès des recrues. « J'ai vraiment envie de partager mes compétences avec de jeunes collègues. D'ailleurs, si je n'avais qu'un seul conseil à leur donner, ce serait de ne pas s'emballer. Il faut savoir prendre le temps d'analyser une situation avant de foncer tête baissée ! C'est bien de prendre des initiatives mais rien ne vaut l'expérience des anciens ! »

PR20/04/2012