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Interview : Kinésithérapeute, diplômée ostéopathe

16 novembre 2011
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Kinésithérapeute, diplômée ostéopathe

Paula Ruiz del Portal Sanz (24 ans)

Kinésithérapeute, diplômée ostéopathe

Originaire d'Espagne, Paula Ruiz del Portal Sanz, s'est tournée vers l'école de kinésithérapeute de Madrid pour effectuer sa formation. Au cours de ces trois années, elle a alterné entre la théorie et la pratique pour acquérir de l'expérience.

Quels types de stages avez-vous effectué, et quelles ont été vos différentes missions ?

J'ai effectué mes stages de première et de deuxième année à Buenos Aires, en tant que bénévole pour apporter un soutien curatif, mais aussi psychologique aux patients. C'est à ce moment que je me suis rendue compte que mon métier était une réelle vocation, qu'il me correspondait, et m'enrichissait de jour en jour.

Une fois diplômée, quelles ont été vos premières expériences professionnelles ?

Une fois le diplôme de kiné en poche, je me suis vite aperçue que l'Espagne n'offrait pas de réels débouchés pour exercer mon activité. Etant très impatiente de débuter pour renforcer mon expérience, je suis partie 3 mois et demi, en tant que bénévole, au Pérou. Sur place, je me suis vraiment passionnée pour mon métier, je travaillais au sein d'un hôpital psychiatrique le matin, et l'après-midi je m'occupais de personnes ayant des problèmes neurologiques et de psychomotricité. C'est à ce moment que j'ai découvert, au-delà des soins, qu'il y avait un réel contact humain entre le patient et moi-même. D'un point de vue relationnel et psychologique, ce bénévolat m'a beaucoup apporté pour progresser.
Puis, de retour à Madrid, j'ai eu la possibilité de travailler avec des ostéopathes pendant une courte période, mais sans proposition d'embauche. C'est à ce moment que je me suis dirigée vers la France, conseillée par un ami, pour exercer ma profession.
J'ai travaillé durant 13 mois à l'hôpital de Berck, aux services hémiplégie et neurologie. C'était très enrichissant, et j'ai beaucoup appris dans chaque domaine puisque j'étais non seulement en contact direct avec les patients, mais je travaillais également en collaboration avec d'autres professionnels de la santé comme les orthophonistes. J'ai donc pu m'instruire sur le terrain et suivre l'ensemble des soins apportés aux patients.
A la fin de ce contrat, je suis partie à Toulouse pour découvrir une autre facette du métier, celle de l'exercice en libéral. Je faisais des diagnostics pour apporter les soins… J'étais vraiment au cœur du métier tout en ayant la possibilité d'avoir une relation privilégiée avec chaque patient.

Suite à ces diverses expériences, que pensez-vous de la formation qui vous a été apportée ?

Je pense sincèrement qu'elle manque d'approfondissement, car sans mes diverses expériences, j'aurais vraiment manqué de technique et même de théorie pour exercer mes fonctions en hôpital, et en libéral.

A ce propos, au niveau de la rémunération, y a-t-il un écart important entre le libéral, et le travail en hôpital ?

Il faut compter environ 1 700, 1 800 € pour un débutant en hôpital, et en libéral c'est le nombre de patients qui détermine le salaire ; mais en général, il se situe autour de 3 000 € nets par mois.

A l'heure actuelle, travaillez-vous toujours en libéral ?

Non justement, entre deux, j'ai passé mon examen d'ostéopathe, que j'ai d'ailleurs obtenu récemment, pour élargir mes compétences. Puis mon dernier emploi était un CDD de 3 mois et demi à l'hôpital saint Vincent de Lille. Et actuellement, je cherche un emploi, dans le centre de Lille, en tant que remplaçante, pour assurer mon besoin de mobilité.

Pourquoi avez-vous choisi ce métier en particulier ?

J'ai toujours été curieuse de découvrir le fonctionnement du corps humain de A à Z et j'aime particulièrement le contact humain, me sentir proche des gens et avoir une certaine utilité professionnelle. Je pense que le métier de kinésithérapeute associe bien ces divers aspects.
J'aime aussi être reconnue pour mes compétences et apporter directement un « service à la personne ». Mais plus qu'un simple service, ce métier me permet également de gérer une situation, et d'apporter non seulement une aide curative, mais aussi un soutien psychologique.

Quelles sont, pour vous, les qualités essentielles pour exercer votre profession ?

Il faut avant tout avoir de la patience, et savoir gérer des situations difficiles. Par exemple, pour annoncer à un patient qu'il ne retrouvera jamais l'usage de ses jambes… Dans ce cas, il faut évidemment faire preuve de beaucoup de tacts, posséder un très bon sens du contact et avoir du sang froid.
Et pour être un bon kiné, il faut aussi savoir mettre une frontière entre la personne et la maladie, ce qui n'est pas chose facile au début ! Le remède en quelque sorte, c'est d'être humain avant tout, mais en restant ferme. Je pense que le plus difficile est de savoir gérer en même temps, mais distinctement, la maladie, et le côté social. Il faut s'adapter à la psychologie du patient, mais sans s'éloigner de notre activité.

D'après votre expérience, pensez-vous que le travail en hôpital est suffisamment reconnu ?

De la part des patients, oui, car il est très complet. Mais de la part des autres professionnels de la santé, nos activités sont souvent jugées et n'ont donc pas de vraies reconnaissances… Il faut vraiment s'imposer pour se faire une place.

Quelles sont vos perspectives d'avenir ?

Pour l'instant, j'essaie de découvrir les différentes facettes de ma profession pour élargir mes compétences, renforcer mon expérience, mais aussi pour savoir ce qui me correspond vraiment.

Quelles sont les différentes spécialisations possibles en étant kinésithérapeute ?

Les spécialisations sont vraiment nombreuses, un kiné peut aussi bien travailler dans le milieu sportif, dans un service maternité ou être en libéral et pratiquer de la rééducation…
En hôpital, il est ouvert à bon nombre de services tels que trauma, neurologie…

Qu'est-ce qui vous correspondrait le plus ? En d'autres termes, comment vous voyez-vous dans 10 ans ?

J'ai plusieurs idées en tête à vrai dire… J'aimerai travailler dans un centre d'éducation, en collaboration avec d'autres kinés, car c'est un univers intéressant qui pourrait me remettre en questions, et avoir des points de vues professionnels différents.
Mais je suis également attirée par la neurologie ou l'ostéopathie qui sont des environnements qui permettent une meilleure vision d'ensemble d'un problème.

Avez-vous des conseils éventuels à donner à un étudiant qui aimerait exercer votre métier ?

Il faut de la persévérance car c'est un métier exigeant qui demande une réelle motivation et un important investissement personnel.
Kinésithérapeute, diplômée ostéopathe